Cinta

Brunei

Malaisie

* "amour" en Malais

" Je t'aime "
Quelques précisions sur cette langue

On désigne sous le nom de « malais » un groupe de langues très proches les unes des autres.
Ces idiomes sont parlés par les populations du littoral oriental et de la partie sud de l’île indonésienne de Sumatra, des îles Riau, également indonésiennes, du littoral de l’île de Bornéo et de la péninsule Malaise, la population autochtone de Singapour et celle des provinces de Yala, Pattani, Narathiwat et Songkhla dans le sud de la Thaïlande.
Ces populations se désignent elles-mêmes par le terme « Malais ».
Cette dispersion du malais a nécessairement suscité un débat sur l’origine de la langue. Le consensus actuel est que le berceau du malais est la partie occidentale de l’île de Bornéo.
Le malais est aujourd’hui plus connu sous le nom d’“indonésien” (en Indonésie) et de « malaisien » (Malaisie), où il est employé comme langue nationale. Également parlé à Singapour, au Brunei Darussalam et en Thaïlande, le malais réunit aujourd’hui près de 250 millions de locuteurs, dont environ 60 millions en usent comme langue maternelle.

Quelques références littéraires et cinématographiques

La Malaisie et Singapour (aujourd’hui relié à la péninsule malaise par deux ponts traversant le détroit de Johor), unis jusqu’en 1965, ont un passé commun dans le domaine du cinéma. En Malaisie il remonte au début des années 1930, c’est-à-dire bien avant l’indépendance du pays (1957), au temps où son nom anglais était Malaya, et pas encore Malaysia. Ce n’est toutefois qu’après 1945 que la production cinématographique en malais connaît son véritable essor, son premier âge d’or. Tout d’abord établi essentiellement à Singapour avec deux grands studios (Shaw Brothers et Cathay-Keris) qui constituent un centre de production foisonnant et créent de vrais succès publics. Le caractère multiethnique de la région fait que de nombreux films sont à cette époque produits par des Chinois, dirigés par des Indiens ou des Malais, et joués principalement par des Malais. L’acteur et réalisateur malais P. Ramlee (1929-1973) apparaît pour la première fois à l’écran dans Chinta (1948), puis il enchaîne les premiers rôles et débute une carrière de réalisateur avec Penarek Beca (1955). Après 1965, les studios Shaw Brothers sont transférés à Kuala Lumpur (capitale de la Malaisie), P. Ramlee quitte Singapour et décide de retourner vivre en Malaisie où il poursuit sa carrière d’acteur, de réalisateur et aussi de chanteur très populaire. Le cinéma malais connaît son deuxième âge d’or puis : «  Le cinéma malaisien connut toutefois un fort ralentissement au milieu des années 1970, (notamment après la mort de P. Ramlee en 1973) », nous précise Raphaël Millet. En 1981 la FINAS (Commission nationale du film) est fondée et plusieurs réalisateurs tels que Rahim Razali, Mansor Puteh, Nasir Jani, Shuhaimi Baba, U-Wei Bin Hajisaari, participent au renouveau amorcé par la nouvelle génération de cinéastes. Dans les années 2000, une nouvelle vague du 7ème Art propose une filmographie, allant du documentaire au film expérimental en passant par la fiction, ancrée dans la réalité Malaisienne. Les spécialistes s’accordent à dire combien a été importante la conquête du numérique dans le jeune cinéma malaisien : «  Sans les possibilités de légèreté matérielle et financière qu’autorise le numérique, il est douteux qu’une vingtaine de jeunes gens ait pu devenir en quelques années réalisateurs de longs métrages. » Ce mouvement se distingue par son caractère collectif. Quatre réalisateurs majeurs du cinéma malaisien (James Lee, Amir Muhammad, Tan Chui Mui et Liew Seng Tat) se regroupent et créent une société de production « Da Huang Pictures ». Une autre figure majeure de ce pays est la réalisatrice Yasmin Ahmad dont le talent, l’œuvre intimiste et intemporelle inspirée par son autobiographie – Sepet (2004), Gubra (2005), Mukhsin (2006) – ont été loué par la critique internationale.

PENAREK BECA (LE TIREUR DE POUSSE-POUSSE)

P. RAMLEE (1955, noir et blanc)

Saadiah (Azizah), Salleh Kamil, P. Ramlee (Amran)

La jeune, belle et riche Azizah au détour d’une sombre ruelle est attaquée par des voyous, Amran, un pauvre chauffeur de rickshaw, la sauve de cette situation. Ils tombent amoureux mais leur relation n’est pas approuvée par Marzuki, le père d’Azizah. Ce dernier rencontre le gangster Ghazâli, avec qui il se lie d’amitié, et qui ne tarde pas à trouver sa fille séduisante. Marzuki est prêt à accepter que sa fille se marie avec lui et Ghâzali fait tout pour la séparer de l’honnête Amran. Azizah s’enfuit et retrouve Amran, mais Ghazâli les poursuit. Marzuki découvre que Ghazâli est un gangster, Amran décide sa bien-aimée à rentrer au domicile familial. L’amour finit par triompher : son père comprend qu’Amran a une belle âme et il lui accorde la main de sa fille. Cette histoire d’amour sur fond de critique sociale a été un vrai succès ! P. Ramlee (1929-1973), véritable icône du monde artistique malais (acteur, réalisateur, compositeur, chanteur), sans doute l’artiste le plus célèbre et le plus prolifique de sa génération, meurt brutalement à 44 ans d’une crise cardiaque.

SUMPAH ORANG MINYAK (LA MALÉDICTION DE L’HOMME HUILE)

P. RAMLEE (1958, noir et blanc)

Daeng Idris, P. Ramlee (Bongkok), Ali Rahman

Bongkok, né difforme et bossu, vit dans un village retiré de Tualang Tiga où il subit sans répit les sarcasmes et les maltraitances des habitants. Quand les villageois apprennent qu’il est secrètement amoureux de la fille du chef, il est lynché et laissé pour mort. Dieu lui apparaît en compagnie d’elfes qui le conduisent au paradis. On l’autorise à formuler un vœu, à condition de ne jamais tuer personne. Bongkok demande à renaître en prince, vêtu de précieux atours, et avec un beau visage. Cette métamorphose lui permet de revenir dans son village pour retrouver sa bien-aimée. Mais au cours d’une altercation sa belle meurt et à son tour, obligé de se battre, il fait couler le sang. Le pacte céleste est rompu ! C’est au tour du diable de lui apparaître, celui-ci lui propose un étrange marché : il doit violer vingt et une femmes dans les sept jours…

Ce film, considéré comme un film majeur du cinéma fantastique malais, où se mêle féerie (quand Bongkok surgit en habit de lumière), magie terrifiante (quand Bongkok se transforme en homme huile), se rattache par biens des aspects à l’atmosphère poétique qui règne dans La Belle et Bête de Jean Cocteau.

Maria Menado, actrice indonésienne, commence une belle carrière dès l’âge de 18 ans, elle y met cependant un terme à 32 ans en devenant l’épouse d’un sultan malais. Son parcours n’est pas sans rappeler celui de Grace Kelly.

KORBAN FITNAH (LA MÉDISANTE VICTIME)

P. KAPUR (1959, noir et blanc)

Maria Menado (Rahimah), Sukarno M. Noor, Siput Serawak

Hassan finance les études de son jeune frère Hussein et pour l’aider il travaille sans relâche. La jolie Rahimah fait battre le cœur d’Hussein et de son ami Wahab et leur amitié est fragilisée par la jalousie et une suspicion couve entre les deux frères. La situation va devenir explosive et conduire à un drame passionnel. Le film nous montre aussi le climat régnant à travers une jeunesse en questionnement. Singapour vient d’accéder à son indépendance et n’a pas encore rejoint, pour une durée provisoire, la fédération de Malaisie.

IBU MERTUAKU (MA BELLE-MÈRE)

P. RAMLEE (1960, noir et blanc)

P. Ramlee (Kassim Selamat), Mak Dara, Ahmad Mahmud, Ahmad Nisfu

Kassim Selamat est un saxophoniste talentueux qui passe souvent à la radio où il anime un show musical. L’une de ses fans, Sabariah, ne rate jamais son émission et elle caresse un grand rêve, le rencontrer. Un jour elle se décide à lui téléphoner et ils se fixent rendez-vous. Mais l’un comme l’autre envoie une doublure afin de voir à quoi ressemble l’autre. S’en suit une incroyable série de quiproquos et arrive le jour où ils se rencontrent vraiment : c’est le coup de foudre ! Le film passe soudain du ton de comédie burlesque au mélodrame. Sabariah refuse de prendre pour époux l’homme que lui a choisi sa mère, elle épouse Kassim, sa mère la répudie et le couple s’installe à Penang où leur vie prend un nouveau virage. Mais la cruelle belle-mère va briser la vie du musicien…

CHUCHU DATUK MERAH (LE PETIT-FILS DU DATUK MERAH)

M. AMIN (1963, noir et blanc)

Nordin Ahmad, Latifah Omar, Rose Yatimah

Cette intrigue romanesque, où se mêle amour et vengeance, a des parties chantés et dansés qui dénotent une influence du cinéma indien. Datuk Merah, un guerrier très vénéré, est le grand-père d’Awang Jangutt qui refuse de travailler et se laisse vivre avec sa femme Kuntum. Ils habitent une maison abandonnée et arrivent à vivre grâce aux combats de coq organisés par Awang. Un jour, alors que ce dernier randonne en forêt, il sauve la jeune Siti Molek aux prises avec une bande de voyous conduite par Long Daik. La jeune fille soumet l’idée à son père, un notable, d’engager Awang comme garde du corps. Puis elle fait tout pour le séduire. Quand l’affreux Long Daik apprend que Kuntum est enceinte, il imagine quelle perfide vengeance il peut mettre en place…

CHINTA KASEH SAYANG (AMOUR ET AFFECTION)

HUSSAIN HANIFF (1965, noir et blanc)

Fatimah Ahmad, (Normah) Latiffah Omar, Ahmad Osman, Ghazali Srimantri

L’artiste Nazir peint sans relâche, il doit faire face à l’importante commande d’une toile pour un client. Ce travail l’absorbe tellement qu’il délaisse peu à peu Normah, sa femme. Celle-ci se console dans les bras d’autres hommes et se plaît à attiser le feu de la passion avec des amants de passage. Quand Nazir part en voyage elle rencontre Jamal, un vendeur de voiture, dont le cœur chavire devant la belle, mais il n’ose pas lui avouer qu’il est marié. Quand leur liaison est dénoncée par un voisin, Jamal décide de ne plus revoir Normah. Elle rencontre un autre homme et commence une nouvelle liaison. Ce jeune cinéaste (né en 1934), prolifique et créatif, a réalisé ce mélodrame quelques mois avant de mourir tragiquement à l’âge de 32 ans.

JIRAN SE-KAMPONG (LES VOISINS DU VILLAGE)

HUSSAIN HANIFF (1965, noir et blanc)

Yusoff Latiff, Salleh Mean, Ahmad Osman, Rose Yatimah

L’histoire se déroule dans les années 60, dans un village isolé où l’on suit les mœurs et les coutumes à travers plusieurs générations. Les jeunes montrent une volonté de modernité, un désir de se libéraliser, mais cette évolution est difficile à imposer dans une communauté rurale traditionnelle et souvent mal acceptée par les plus âgés. Les mères, protectrices et rétrogrades, voient par exemple d’un mauvais œil que leurs fils s’entichent d’une fille pauvre ou extravertie. Rohani vit avec sa mère et travaille comme employée de maison chez Cik Puan, un riche villageois, dont la fille Minah ne pense qu’à s’amuser. Elle organise des fêtes où tout le monde danse le twist. Minah est amoureuse d’Hassan mais, n’ayant d’yeux que pour Suriani, il ne s’intéresse guère à elle. Un soir Rohani est seule chez elle et un drame survient, un homme s’introduit et profite de sa faiblesse pour abuser d’elle…

GELORA (TURBULENCE)

P. RAMLEE (1970, noir et blanc)

P. Ramlee (Hamdan), Sarimah, Arman Yadih

Kuala Lumpur dans les années 1970. Kamal tombe amoureux d’Intan, la fille de Salmiah, une riche veuve. Mais l’histoire se complique quand Kamal cède aux tentatives de séduction de Salmiah, follement attirée par lui, et commence une liaison avec elle.

Intan découvre leur relation et se sentant trahie, elle s’enfuit et accepte un travail de secrétaire. Hamdan, son patron, est séduit par la jeune femme… La sensualité affichée dans le film, l’un des derniers de P. Ramlee, est rare pour l’époque.

CHINESE EYES (SEPET)

YASMIN AHMAD (2004)

Sharifah Amani (Orked), Ng Choo Seong (Ah Loong), Harith Iskander (Abah), Ida Nerina (Mak Inom), Adibah Noor (Kak Yam), Tan Mei Ling (Mah), Linus Chung (Keong)

Yasmin Ahmad confie : « Le point de départ de ce film est un poème intitulé « First Love » où il est dit que le premier amour est souvent moins tumultueux et passionné que les suivants mais que c’est pourtant celui dont on se souvient toute sa vie. » Orked, une jeune malaise, et Ah Loong, un jeune chinois qui adore la poésie, sont amoureux. Mais en Malaisie, où vivent plusieurs communautés (malaise, indienne, chinoise), la cohabitation est souvent complexe. Chacune conserve ses traditions, sa culture et les familles ne se mélangent guère, cela tient bien souvent à des préjugés, des pressions sociales, un fonds de racisme, des tabous…

Mais les jeunes font souvent bouger les choses et apprennent à s’ouvrir aux autres. Keong, le meilleur ami d’Ah Loong, nous le démontre. Depuis qu’il connaît Orked, son regard évolue sur la communauté malaise, il est surpris de trouver des affinités avec elle, tels que la passion du piano et du cinéma. La réalisatrice met en avant deux thèmes qui lui sont chers : la tolérance et le premier amour.

MUKHSIN

YASMIN AHMAD (2006)

Mohd Syafie bin Naswip, Zainal Rashid, Sharifah Aryana Syed

Orked vit dans un village malais, au sein d’une famille atypique, pratiquant un islam modéré et dont les parents n’hésitent pas à afficher leur amour en public (ils prennent leur bain ensemble !), ce qui choque la petite communauté campagnarde. Orked est élevée comme un garçon, elle partage leurs jeux et c’est sur un terrain de football qu’elle rencontre Mukhsin avec lequel elle va partager une tendre amitié, il deviendra son ami de cœur et d’esprit. En ce bel été leurs cœurs battent à l’unisson, c’est le temps des premières émotions, puis, n’ayant pas su retenir l’autre, ce premier amour se brise. La musique, importante et de style très divers – Mozart, Bach, Beethoven, Schumann Dvorak, mais aussi malaise, indienne, indonésienne, pop thaï hongkongaise des années 70 et européenne avec Ne me quitte pas de Jacques Brel – accompagne les moments clefs de film. Troisième volet (Sepet, 2004, Gubra, 2005) d’une trilogie autobiographique où l’on retrouve Orked, le personnage principal.

LOVE CONQUERS ALL

TAN CHUI MUI (2006)

Coral Ong Li Whei (Ping), Stephen Chua Jyh Shyan (John), Leong Jiun Jiun (Mei), Ho Chi Lai (Hong Jie)

Ah Ping, une jeune fille de la campagne, se rend à Kuala Lumpur où elle travaille dans le restaurant de sa tante. Accueillie chez elle, elle partage la chambre de Mei avec qui elle cohabite comme des sœurs. Tous les soirs elle va à la cabine téléphonique pour téléphoner à sa famille et à son petit ami. Elle croise John qui, sans scrupule, va écouter ses conversations. Il la suit partout et tente, sans jamais désespérer, de la faire succomber à ses charmes… Ah Ping, interpellée par ce curieux intrus dans sa vie, finit par être troublée et cède, mais John n’est pas celui qu’elle croit, il ira même jusqu’à lui expliquer comment elle peut se prostituer… Le film passe d’une histoire familiale classique à une éducation sentimentale peu commune et une histoire d’amour qui finira tragiquement.

BEFORE WE FALL IN LOVE AGAIN

JAMES LEE (2006, noir et blanc/couleur)

Amy Len (Ling Yue), Pete Teo (Tong), Chye Chee Keong (Chuan)

Ling Yue, l’épouse de Chuan, a disparu depuis un mois, sans laisser le moindre message. Personne ne sait où elle est, ni même si elle est toujours en vie. Pas la moindre indice qui puisse permettre de savoir où elle aurait pu aller. Un jour, Chuan marche dans la rue et rencontre un homme qui prétend avoir été l’amant de sa femme… Les deux hommes se confient autour d’un café sur l’absente, qu’ils aiment toujours. Ils finissent par s’extraire de leur confidence pour réagir et suivre une piste : ils prennent la route pour se rendre à l’endroit où vit le premier amour de Ling Yue.

WOMAN ON FIRE LOOKS FOR WATER (L’AMOUR ET SES DEUX RIVES)

WOO MING JIN (2009)

Jerrica Lai, Chung Kok-keong (le père), Hui Yee Gan, Foo Fei Ling (Lily), Ernest Chong, Mak Foong

C’est l’histoire d’un fils et de son père, de deux générations qui vivent des émotions, expriment des doutes et des regrets. Ah Fei, un jeune garçon qui vend des grenouilles pour vivre, vit seul avec Ah Kau, son père, veuf et qui sent sa fin proche. À cet instant fatidique de sa vie, Ah Kau est hanté par un amour d’autrefois, une femme qu’il aime depuis très longtemps. Il a la force d’aller la voir, de lui ouvrir son cœur et de lui confier son souhait, qu’elle vienne vivre auprès de lui. Il aimerait rattraper le temps perdu. Quant à Ah Fei il est tiraillé entre son premier amour et une autre jeune femme. Un film sensible et intimiste.

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