Le vietnamien est la langue officielle du Viêt Nam. Il appartient à la branche môn-khmer des langues austroasiatiques. Il est la langue austroasiatique qui possède le plus de locuteurs (environ 80 millions soit dix fois plus que la seconde, le khmer). C’est une langue isolante et monosyllabique, dotée d’un système de 6 tons.
C’est la langue maternelle d’environ 85 % de la population du Viêt Nam, ainsi que d’environ 2 millions d’émigrés. Quelque 1 000 ans d’occupation chinoise sont à l’origine de l’adoption d’un grand nombre de mots transcrits du chinois et de l’ancienne écriture en sinogrammes (le Chữ nôm aujourd’hui abandonné).
VIÊT-NAM
La cinémathèque française a organisé, à l’occasion de l’année France Viêt-Nam en 2014, une rétrospective du cinéma vietnamien, longtemps resté méconnu à l’étranger. Le premier film parlant Le cimetière hanté (1937) a aujourd’hui disparu et, si des studios cinématographiques ont été crée en 1956 et qu’en 1959 une école de cinéma voyait le jour à Hanoï, on ne peut réellement commencer à parler de cinéma vietnamien qu’à partir de 1975. L’histoire du Viêt-Nam au XXè siècle reste marqué à jamais par les troubles liés à l’indépendance, aux guerres coloniales successives, à la partition entre le Nord et le Sud et enfin à l’arrêt des combats en 1975. Ce n’est qu’à partir de cette période et de la réunification du pays que le 7ème Art revient sur le devant de la scène. Au lendemain de la réunification l’important studio Giai Phong (Libération) est crée, l’idée majeure étant de produire des films sur la réalité sociale. Durant la décennie suivante, les films sont des fictions et des documentaires marqués par le traumatisme de la guerre (Mùa gió chướng, La Saison des tourbillons, 1978, Cánh đồng hoang, Terre dévastée, 1979). Des années particulièrement difficiles où le cinéma, faute de moyens et sous un régime qui se durcit, peine à décoller. En 1986, le Parti communiste vietnamien adopte, lors du VIè congrés national, une nouvelle orientation politique dont le nom est révélateur « le Đổi mới » qui signifie « le Renouveau ». Il est vrai que, dans le domaine de la culture et du cinéma, on constate des changements mais ils se font, comme le précise Philippe Dumont (co-fondateur des Cahiers du Viêt-Nam): « avec des à-coups, des tiraillements et des contradictions ». La priorité est donnée aux films pour la télévision, l’apparition des supports VHS et DVD incite le public à déserter les salles vétustes, et la censure (qui intervient dès le scénario, au montage, et avant la sortie du film en public) sont autant de facteurs qui vont contribuer à freiner la création. Par ailleurs nous dit Philippe Dumont : « D’une manière générale, la création cinématographique souffre en matière de fiction d’une pauvreté d’écriture (la faute des écoles de formation ?) et d’un manque d’inventivité terrible. Pour pallier ce défaut, il faut se tourner vers le succès de certaines œuvres littéraires – (Tắt đèn, (Quand la lampe s’éteint), Chị Dậu (Madame Dau, 1981), Làng Vũ Đại ngày ấy (Le Village de Vu Dai ces jours-là, 1982), Ðoi Cát (Vies de sable, 1999), Ba người trên sân ga (Trois sur un quai de gare), Người đàn bà mộng (La Femme somnambule, 2003), plus ou moins « scandaleuses » – pour sauver les metteurs en scène. » Parmi les cinéastes du renouveau citons Dặng Nhật Minh, Nguyễn Thanh Vân, Lưu Trọng Ninh. Avec le Đổi mới, le pays s’ouvre et des cinéastes viennent tourner au Viêt-Nam. Lâm Lê inaugure cette ouverture avec Poussière d’Empire (1983), un long-métrage poétique et premier film français de fiction occidental autorisé au Viêt-Nam. Il ouvre la voie à Régis Wargnier Indochine (1992) et à Jean-Jacques Annaud la même année pour L’Amant. Si on constate dans les années 2000 que la guerre reste le sujet central de beaucoup de films vietnamiens – « pour que les jeunes générations sachent », selon les termes de Luu Trong Ninh – le thème de la défaite et de la victoire va devenir secondaire, celui du sacrifice, notamment enduré par les femmes, étant mis en avant.
Le cinéma việt kiều (vietnamien de l’étranger, soit environ trois millions de personnes dans le monde) est réalisé le plus souvent par des cinéastes vietnamiens, installés en France, aux Etats-Unis, en Australie et au Canada, qui ont du mal à se situer entre leurs deux cultures. Leur départ ayant été le plus souvent lié aux vicissitudes de l’histoire : guerre d’Indochine, guerre américaine, boat people et plus récemment émigration, conséquence des difficultés économiques. Parmi eux citons Lê Cung (Bắc Bẫy tình, Le Piège de l’amour, 2004), Lưu Huỳnh (Áo lụa Hà Đông, La Robe en soie de Ha Dong, 2006) et Trần Anh Hùng qui, avec son film (Mùi đu đủ xanh, L’Odeur de la papaye verte), décroche la Caméra d’or au Festival de Cannes en 1993.
À partir des années 1970-1980 qui marquent la fin de la guerre américaine, une première génération de femmes cinéastes, a émergé. Plusieurs figures marquantes se détachent : Bach Diêp (Ngày lễ thánh, Jour de messe 1976), Duc Hoan (Tình yêu và khoảng cách, Amour et éloignement, 1984 ; (Chuyện tình bên dòng sông, Histoire d’amour au bord de la rivière 1991), Viêt Linh (Chung cư,, L’immeuble, 1999), Mê Thao, Thời vang bóng (Mê Thao, il fut un temps, 2002) et Nhuê Giang (Thung lũng hoang vắng, La vallée déserte 2001, Tâm hồn mẹ, L’âme maternelle, 2011et Lạc lối, Fausse route, 2012).
Parmi les cinéastes importants de ces dernières années citons Vinh Sơn (Trăng nơi đáy giếng (La Lune au fond du puits, 2008), Bùi Thạc Chuyên Chơi vơi (À la dérive, 2009), Phan Đăng Di Bi ơi, đừng sợ (Bi, n’aie pas peur, 2010) et Đào Bá Sơn (Long Thành Cầm giả ca (Chant pour une guitariste de Hanoi, 2010. À l’occasion des célébrations du millénaire de la capitale, Hanoi a organisé en octobre 2010 le premier Festival international vietnamien du cinéma (Vietnam International Film Festival – VNIFF).
CINÉMA
CHUNG MÔT DONG SÔNG (SUR LES RIVES OPPOSÉES DU MÊME FLEUVE)
PHAM KY NAM (1959)
Man Linh, Huy Cong, Trinh Thinh
Rappelons un fait historique pour introduire le contexte du film. À l’issue de la guerre d’Indochine et de l’Accord de Genève en 1954 le Viêt Nam est divisé en deux, au nord la République démocratique du Viêt Nam (communiste), au sud la République du Viêt Nam. La rivière de Bến Hải et le 17e parallèle sont choisis comme ligne de démarcation provisoire entre le Nord et le Sud du pays. Le pont Hien Luong, construit par les Français en 1950, est divisé en deux, et chaque partie sert de poste de frontière : « Après deux ans, la réunification du Viêt Nam devrait être réalisée à travers des élections générales dans tout le pays. Mais la ligne de démarcation sur le pont Hien Luong et le partage de la rivière de Bến Hải vont durer plus de 20 ans. C’est seulement après la grande victoire du printemps de 1975 et la réunification nationale que cette ligne de démarcation disparaît. Le film, très politique, incite à la lutte pour la réunification du pays. Il évoque le drame de deux jeunes amoureux sur le point de se marier et qui en seront empêchés car il leur est impossible de traverser la rivière qui les séparent.
BAO GIO CHO DEN THANG MUOI (QUAND VIENDRA LE DIXIÈME MOIS, THE LOVE’S DOESN’T COME BACK)
NHÂT MINH DANG (1984, noir et blanc, mention spécial au Festival d’Hawaï)
Van Le, Luu Viet Bao Dang, Lai Phu Cuong, Huu Muio Nguyen
Un film touchant et sensible qui conte l’histoire d’une femme meurtrie par le deuil de son mari, mort au combat. Nguyen vit au nord du Viêt-Nam avec son beau père malade et son petit garçon. Quand elle se rend dans le sud pour voir son mari, on lui annonce qu’il est mort au combat. Sur le chemin du retour elle s’interroge. Doit-elle dire à son beau père, qui a déjà perdu un fils à la guerre, que son second fils n’est plus. Pour épargner de nouvelles souffrances au vieil homme proche du grand départ, elle décide de ne rien dire et avec courage, dignité et compassion elle affronte la situation. L’instituteur du village, qui a compris le lourd secret qu’elle porte en elle, accepte de ne rien révéler et d’écrire des lettres supposées être envoyées par le mari. Quand le vieillard croit, avant de rendre son dernier souffle, que l’instituteur qui vient le voir est son fils enfin de retour qu’il serre dans ses bras, il ne dit rien. Premier film projeté en Europe après 1975 (fin de la guerre au Viêt-Nam), sélectionné dans de nombreux festivals à l’étranger.
L’ODEUR DE LA PAPAYE VERTE (1993)
TRAN ANH HUNG (1993, prix de la Caméra d’or au festival de Cannes en 1993, César de la meilleure première œuvre en 1994, et il concourt à l’Oscar du meilleur film étranger)
Tran Nu Yen-Khe (Mùi à 20 ans), Lu Man San (Mùi à 10 ans), Truong Thi Loc (la mère), Nguyen Anh Hoa (la vieille Ti), Vuong Hoa Hoi (Khuyen)
Premier film de Trần Anh Hùng, un cinéaste français d’origine vietnamienne qui, bien qu’il ait quitté sa terre natale à l’âge de douze ans, se souvient des odeurs, des gestes quotidiens de sa mère au foyer, des gestes liés aussi à la servitude domestique de la femme. Le réalisateur, qui n’a pu tourner comme il l’aurait souhaité au Viêt-Nam, a réussi à reconstituer l’atmosphère de son pays d’enfance dans un petit studio en France. L’histoire se déroule des années 1950 aux années 1960. Rappelons quelques faits historiques sur ces décennies particulièrement importantes pour l’histoire du pays. En 1954 la guerre d’Indochine prend fin et le Viêt-Nam est indépendant mais en 1958, la guerre du Viêt-Nam éclate et ne se terminera qu’en 1975. À travers le regard de Mùi, une petite servante de dix ans, le spectateur s’imprègne en suivant de lents travellings de l’univers traditionnel du pays, du quotidien d’une famille de trois enfants et de ses secrets. Dans la première partie du film, c’est principalement le thème de la servitude qui est abordé, celle des servantes comme de la femme en général. Dans la seconde partie Mùi a grandi, se sépare de sa maîtresse, qu’elle considérait comme sa mère, et devient servante dans une autre famille. Le maître de maison succombe à son charme, elle découvre le désir, l’amour… De servante elle devient épouse, mais échappera-t-elle pour autant à la servitude dont elle a presque toujours été prisonnière ? Le titre « L’odeur de la papaye verte », évoque les rituels culinaires liés à la préparation de la papaye qui, verte est un légume, jaune un fruit.
NƯÓC MĂT THỒI MỒ CÙA (LES LARMES DE L’OUVERTURE)
LƯRU TRONG NINH (1996)
La jeune Tuyết Trinh et Hoàng sont amoureux, mais ils se considèrent trop pauvres pour envisager de devenir un couple. Tiu, un jeune homme qui a réussi, propose à Trinh de rejoindre l’entreprise où il travaille, elle accepte dans l’espoir de sortir enfin de sa condition. Tiu, rusé, parvient à la séduire, mais elle aime Hoàng et décide de revenir auprès de lui. Quand elle apprend que Tiu a le sida, elle a une réaction fatale.
DOI CAT (LA VIE DE SABLE)
THANH VAN NGUYEN (1999, premier prix au 47e festival d’Asie Pacifique, Lotus d’or du film vietnamien en 2001, mention spéciale et grand prix du festival d’Amiens.) Adapté d’une nouvelle de Hữu Phương
Mai Hoa (Pham Thj), Ti Hong Anh (Pham), Don Duong, Cong Ninh, Tran Thi Be, Lan Ha
Nous sommes en 1975. Après la guerre et la réunification du pays Cảnh, après une longue absence de vingt ans, rentre dans son village de pêcheurs. Il retrouve Thao, sa femme qui l’a patiemment attendu, mais aujourd’hui rien ne peut être comme avant. Cảnh dans le Nord a rencontré une autre femme avec laquelle il a eu une fille aujourd’hui adolescente. Un jour sa fille vient le voir puis arrive Tâm, sa mère, et Cảnh se retrouve à vivre sous le même toit avec ses deux femmes et sa fille. La situation est sensible et Thao en souffre. Cependant, par amour pour son mari, elle décide d’acheter trois billets de train pour que Cảnh, Tam, sa seconde épouse, et leur fille retournent vivre dans le Nord. La guerre créé des situations personnelles inextricables, des blessures inévitables. Cảnh sait que quoique qu’il fasse il ne pourra pas rendre ses deux femmes heureuses. Cảnh va-t- il accepter de partir…?
MA HE CHIEU THANG DUNG (À LA VERTICALE DE L’ÉTÉ)
TRANG ANH HUNG (2000, sélectionné dans la section Un certain Regard au festival de Cannes 2000.)
Tran Nu Yen-Khé (Lien), Nguyen Nhu Quynh (Suong), Le Khanh (Khang), Tran Manh Cuong
L’histoire se déroule l’été à Hanoï où trois sœurs se retrouvent pour préparer un repas à l’occasion de l’anniversaire de la disparition de leur mère, le culte des ancêtres étant une tradition toujours importante en Asie. Lien a 23 ans, partage avec son frère Hai un appartement dans le centre ville. Occasionnellement elle aide sa sœur aînée Suong qui tient un café et dont le mari, photographe, s’absente souvent. La troisième sœur Khanh est mariée à un écrivain. Bien qu’elles soient toutes trois complices, chacune à un secret et cette famille, en apparence harmonieuse, va révéler ses failles et ses blessures. C’est aussi trois histoires de couples. Lien découvre l’amour, Suong la maternité et Khanh tente de raviver les sentiments de son époux. Trois sœurs joyeuses mais au regard qui s’intériorise quand chacune d’elle confie son mal être du moment.
MÊ THAO, THOI VANG BONG (IL FUT UN TEMPS)
VIET LINH (2002)
Adapté du récit Chùa Dàn (pagode Dàn) de Nguyên Tuân – Dung Nhi (Nguyen), Dong Duong (Tam), Minh Trang (Cam), Thuy Nga (To)
Nous sommes à l’époque de la colonisation française, au début du XXè siècle. Nguyen, riche seigneur installé au Nord du pays, accueille en son vaste domaine de Mê Thao, réputé par la culture du ver à soie, Tam, un joueur de luth. Ce dernier – recherché pour un meurtre involontaire commis à l’occasion du récital de la cantatrice To, sa maîtresse – s’est enfui et Nguyen l’a aidé à se procurer une fausse identité. Intendant du domaine, Tam est tout dévoué à son maître. Nguyen, fiancé à une jolie citadine à qui il a offert une voiture, veut donner une fête en l’honneur de sa venue à Mê Thao. Victime d’un accident de voiture qui la foudroie sur la route, elle n’arrivera jamais. Nguyen désespéré sombre peu à peu dans la folie et se réfugie dans le culte de sa bien-aimée disparue. Sa jeune servante follement éprise de lui, le laisse indifférent. Seule la musique lui apporte un peu de réconfort comme l’amitié de Tam. Le temps semble s’être arrêté, toute modernité est bannie, Nguyen s’enfonce dans des fantasmes et des lubies extravagantes… Il devient irascible, imprévisible… mais Tam est toujours là et veille.
NGURƠI DAN BA MÔNG (LA FEMME SOMNANBULE)
NGUYEN THANH VÂN (2003, prix spécial du jury du festival du film d’Asie Pacifique) Adapté d’une nouvelle de Nguyên Minh Chau
Hong Anh, Le Vu Long, Vo Hoai Nam
Quy, la très belle héroïne, a perdu sa jeunesse aux combats. Durant cette époque elle a aimé un officier qui est mort en lui sauvant la vie. Avant de mourir il lui a demandé d’épouser son meilleur ami. La guerre terminée, elle doit apprendre à vivre avec ses souvenirs de guerre et les souvenirs d’un amour perdu. Telle une « femme somnambule », elle avance sur un fil. Bien que Phiên soit en prison pour des raisons obscures, elle l’épouse selon le vœu de son bien-aimé. Ce film se rattache au thème des séquelles de la guerre, au destin des couples séparés.
CHORI VOI (VERTIGES ou À LA DÉRIVE)
YHAC CHUYÊN BUI (2009, prix FIPRESCI du meilleur film à la 66ème Mostra de Venise)
Đỗ Thị Hải Yến (Duyen), Linh-Dan Pham (Câm), Duy Khoa Nguyễn (Hai), Johnny Trí Nguyễn (Thô), Linh Dung (Vi), Nhu Quynh (mère de Hai)
Duyen et Câm sont deux jeunes femmes à la relation plus que complexe. Duyen épouse Hai, un chauffeur de taxi jeune et encore très innocent, en ignorant les sentiments que Câm éprouve pour elle.
Une fille ne doit pas trop en demander », « Quand il rentre, laisse-le dormir, ne le fatigue pas« , impose-t-on à la jeune mariée qui n’ose exprimer son désir devant un mari peut enclin à lui donner de la tendresse et du plaisir. Apprenant que le mariage n’est pas consommé Câm, qui cache ses sentiments et sa jalousie, pousse son amie dans les bras de Thô, un homme séduisant et expérimenté. Avec lui, elle découvre pour la première fois sa féminité freinée jusqu’à ce jour par les contraintes de la morale traditionnelle. Il l’éveille à l’amour charnel … Ce film troublant aborde des thèmes rarement affichés dans le cinéma vietnamien. La confusion des sentiments et le trouble des désirs retenus, suggérés par une attirance et un rejet. Les héroïnes bousculent les repères traditionnels de la société vietnamienne. Le thème de l’homosexualité y est abordé pour la première fois.
TRĂNG NƠI ĐÁY GIẾNG (LA LUNE DANS LE FONDS DU PUITS)
NGUYEN VINH SON (2008, Lotus d’argent et Cerf-volant d’or du cinéma vietnamien, Prix de la réalisation du film asiatique au festival de Madrid, Prix d’interprétation féminine au festival de Dubai) D’après la nouvelle de Tran Thuy Mai
Hong Anh (Hanh), Nsut Tanh Vy, Lan Phuong, Ha Thi
Hanh, professeur dans un lycée en ville, et Phuong, son mari et proviseur, forment un couple en apparence uni et heureux. Mais Hanh est stérile et sa belle-mère veut avoir un petit-fils pour assurer la descendance. Elle accepte que son mari ait une relation adultère et un enfant avec une autre femme, un sacrifice qu’elle fait par amour et pour que rien ne vienne entraver la carrière de Phuong. Le secret de cette naissance est bien gardé afin d’éviter au couple les tourments d’une rumeur publique. Mais malheureusement arrive l’instant où le secret éclate au grand jour et bouleverse leur vie au rituel bien réglé. Hanh sombre dans le désespoir et comprend que son mari et sa belle famille ont profité de sa grandeur d’âme et de son amour. Se sentant trahie, elle se réfugie dans le monde des esprits où elle revit des instants de bonheurs fugitifs. Peu à peu on comprend que la folie qui l’habite lui permet, malgré tout, de résister et de vivre. Un film d’une grande poésie où Hong Ahn, l’interprète principale, est remarquable.
HOT BOY NOI LOAN (PERDU AU PARADIS)
NGOC DANG VU (2011, Lotus d’argent au festival du film du Vietnam de Tuy Hoa)
Luong Manh Hai (Lam), Ho Vinh Khoa (Khôi), Linh Son (Dong), Phuong Tamh (Hanh), Hieu Hien (Cuoi)
Khôi, un jeune homosexuel, est rejeté par sa famille. Pour se sentir libre, il décide de rejoindre la capitale, Saigon (Ho Chi Minh Ville) où il espère trouver plus de tolérance. Très vite, il se fait dépouiller par Lam, un prostitué, et son copain Dong qui lui avait proposé de partager un appartement avec eux. Khôi se retrouve obligé d’accepter les tâches les plus ingrates pour survivre dans cette jungle citadine et moderne. Il travaille comme ouvrier et retrouve par hasard Lam avec lequel il se réconcilie. Ils deviennent amants. Lam continue à vivre de la prostitution tandis que Khôi trouve un travail chez un libraire. Dong ressurgit et essaye de séparer le couple… En contrepoint, comme si en quelques pas on se retrouvait dans la ruelle d’à côté, le réalisateur met en scène l’histoire d’un amour improbable et émouvant entre Cuoi, un handicapé mental qui ne se sépare jamais de son canard, et Hanh, une prostituée au grand cœur.
LE MARCHÉ DE L’AMOUR
PHILIPPE ROSTAN ET BRIGITTE PESKINE (documentaire, 2011, Prix Étoile de la SCAM en 2012)
Philippe Rostan né en 1964 au Viêt-Nam, assistant réalisateur de Pierre Schoendoerffer pour son film Diên Biên Phu (1991), a réalisé plusieurs films documentaires.
Dans les montagnes du Nord du Viêt-Nam, le pays des brumes éternelles, vivent des minorités ethniques, tels que les H’mong, les Dao, les Taïs, les Zao, qui se rassemblent au marché de l’amour de Sapa, pour chanter, danser, séduire, courtiser… et plus si affinités. Les jeunes, vêtus de leurs plus beaux atours se rendent à Sapa, un bourg construit par les Français à 1500 m d’altitude, une fois l’an. En réalité, venir en ce lieu n’est pas réservé qu’aux célibataires, toutes les générations, jeunes et vieux, hommes et femmes, mariés ou célibataires, en quête d’une aventure d’un soir ou d’une liaison durable, s’y retrouvent. Vang et Sao, qui se sont mariés en suivant les vœux de leurs parents et le livre sacré de la tradition h’mong, éprouvent une vraie passion pour les chants d’amour et les danses de séduction, qui accompagnent les amoureux. C’est pourquoi ils restent fidèles au marché de Sapa. Y viennent aussi ceux qu’un mariage arrangé a séparés. Ici, pour quelques heures, ils sont autorisés à retrouver leur premier amour. Ces sociétés ancestrales perpétuent des traditions uniques, vouées à disparaître, c’est pourquoi Philippe Rostan à souhaiter les immortaliser à l’écran.