ŞÖÝGI

Turkménistan

* "amour" en Turkmène

Quelques précisions sur cette langue

Le turkmène est une langue appartenant au groupe des langues turques parlée par plus de 6 millions de personnes en Asie centrale, principalement au Turkménistan, où il est la langue nationale, et dans les pays voisins (Iran, Afghanistan…).

Quelques références littéraires et cinématographiques

TURKMÉNISTAN

 

Le cinéma au Turkménistan, pays constitué en grande partie par l’immense désert de Karakoum, commence en 1926 avec la création d’un premier studio « Turkmenfilm », époque où le cinéma est indissociable du cinéma soviétique jusqu’à l’indépendance du pays en 1991. Les jeunes étudiants turkmènes en cinéma sont alors formés au VIGK (Institut fédéral d’Etat du cinéma de Moscou). Durant cette période : « Les années 1970 et 1980 forment l’âge d’or de la première vague du cinéma turkmène. Les moyens mis à disposition des réalisateurs sont importants, la production florissante » écrit Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, dans son ouvrage Turkménistan. Mais l’indépendance va briser cet essor : les studios sont fermés en 1996 et le cinéma est tout simplement interdit en 2000, seuls la production pour la télévision est autorisée, le pays se ferme et les réalisateurs prennent le chemin de l’exil. Après le décès du président Niyarov en 2006, le président qui lui succède procède à la réouverture des salles et du studio rebaptisé Oguz Khan Turkmenfilm et la nouvelle constitution autorise le droit à la création artistique. Mais le cinéma turkmène renaît lentement, la capitale Achgabat dispose de trois salles de cinéma en 2011 dont une salle équipée pour la 3D. Mais dans un pays où le cinéma est encore très peu développé cette structure interpelle, elle correspond à une volonté gouvernementale de doter son pays de tous les outils de la modernité. Alors la renaissance du cinéma turkmène est-il en marche ? … Khojakouli Narliev est aujourd’hui le cinéaste turkmène le plus connu. Né en 1937, il a étudié au VIGK sous la direction de Boris Voltchek, réalisé de nombreux documentaires Maîtres de la terre, Le dernier Chemin, le Pétrole de Turkménie, et il a travaillé avec Bulat Mansurov. Ses films se rattachent le plus souvent à l’histoire de son pays et évoque avec sensibilité et force les problèmes humains, qu’ils soient sociaux, économiques, politiques, ruraux ou sentimentaux. Président de l’Union cinématographique de Turkménistan de 1976 à 1999, il est membre de l’Académie Russe des Sciences et des Arts Cinématographiques.

 

CINEMA

 

NEVESTKA (LA BRU)

KHODJAKOULI NARLIEV (1972)

Maïa Aïmedova (Ogoulkejïk), Khodjom Ovezguelenov (le vieil Ama-aga), Khodjaberdy Narliev (Mourad)

Premier long-métrage de l’un des rares cinéastes turkmènes. Ogoulkejïk rêve que l’homme de sa vie parti à la guerre va fouler le sable et la serrer dans ses bras. Mais la guerre est finie depuis longtemps et il ne revient pas ; En femme fidèle, elle l’attend et continue à prendre soin d’Ama-aga, son beau-père, qui sait que son fils Mourad est mort et ne reviendra pas. Mais il décide de ne rien dire et la vie du kolkhoze continue. A proximité d’eux s’installe un couple qui met au monde un enfant, Ogoulkejïk s’y attache d’autant plus qu’on lui a donné le prénom de Mourad, mort pour l’honneur de son pays. Le film se termine sur la naissance d’un deuxième enfant, Ogoulkejïk assiste à l’accouchement et l’on devine qu’elle se projette dans ces instants : elle laisse alors éclater sa tristesse et sa voix dans cette chanson qui ponctue la fin du film :

« Ô Mourad comme tu m’es cher

Quand je vois ton regard clair

J’en oublie mon beau garçon

Mes peines et mes misères

Par les sables brûlants

Sous un ciel ardent

J’ai longtemps cherché

Les traces de tes pas

Mon amour adoré

Serait-ce donc que ma peine

Me poursuit toute ma vie ?

Serait-ce donc que ma détresse

Que ma douleur est infinie

Au printemps dans la steppe fleurie

Sous un beau ciel d’un bleu infini

Quand sonnera la dernière heure

Qu’elle m’emporte moi aussi. »

 

(NASLEDNIK) L’HERITIER

KAKOV ORAZSAKHATOV (noir et blanc, 1976)

Ogouldjan Niyazberdyeva (Aryzgoul), Sarygoul Annaklytcheva (Mamour-edje), Takhir Seïdkouliev (Ovez)

Aryzgoul vit auprès de Mamour-edje, sa belle-mère, depuis la mort au front de son mari. Elles travaillent toutes les deux au kolkhoze, et un jour Ovez revient de la guerre blessé. Aryzgoul s’éprend d’Ovez, mais elle est tiraillée par cet amour et son devoir de veiller sur sa vieille belle-mère. De leur union naît un enfant auquel le couple donne le nom du premier mari défunt et ils décident d’offrir l’enfant à Mamour-edje pour combler le vide affectif laissé par le fils disparu.

 

UTRENNIE VSADNIKI (LES CAVALIERS DU MATIN)

MERED ATAKHANOV et KHODJAKOULI NARLIEV (1981)

Enedjan Kourbanova (Ouzouk), Oraz Amangueldyev (Berdy), Noury Allaberdyev (Amanmourad)

Lors d’une fête Berdy fait la connaissance de la belle Ouzouk qu’il aimerait bien épouser. Mais il n’a pas l’argent nécessaire pour la dot, alors il ruse et se fait engager comme serviteur chez le père d’Ouzouk. Leur bonheur est de courte durée car la jeune fille se fait enlever par Amanmourad, le frère d’un homme riche. Berdy réussit à la délivrer mais il est arrêté par la police. Il arrive à s’enfuir, avec la complicité de ses amis bolchéviques, et ils partent à la recherche d’Ozouk qui a été mariée contre sa volonté à Amanmourad. Ce dernier décide de l’abandonner dans la montagne quand il découvre que l’enfant qu’elle a mis au monde n’est pas de lui. Soudain gronde la révolution de 1917. Berdy, à la tête d’un détachement de l’Armée rouge, retrouve son vieil ennemi, d’abord, puis sa femme et son fils.

 

POESIE

MAKHTOUM-KOULI FIRAQUÎ (vers 1730-fin XVIIIè s.)

Pour les Turkmènes ce poète célèbre est considéré comme le fondateur de la poésie turkmène. Si on ne connaît pas avec précision les détails de sa vie, on peut néanmoins en retracer les grandes lignes en se référant à la préface de B.A Karryev. Makhtoum-kouli Firaquî a vécu à l’époque où le chah d’Iran Nâdir, mène une série de guerres sanglantes contres les peuples d’Asie centrale, d’Afghanistan, du Caucase et de l’Inde. Si son père, le poète Azadî Dovlet-Mamed, est son premier maître, il s’initie dans sa jeunesse aux métiers des champs pour participer aux travaux du domaine familial. Puis il part faire des études dans les medressas (écoles supérieures islamiques) et, attitré par la littérature, il décide d’écrire. Sa vie sentimentale n’est pas heureuse, il ne peut épouser Mengli, l’élue de son cœur, ses parents la destine à un autre homme. Il épousera plus tard Ak-kiz, veuve, avec laquelle il a deux enfants qui mourront en bas âges, un drame qui l’affectera profondément. Ses deux frères sont tués lors d’une bataille et cette série de deuils et de séparations se retrouvent dans sa poésie comme les luttes entre tribus et les haines qu’elles engendrent. Tout ces faits l’accablent et l’incite à voyager en Asie centrale, en Afghanistan et en Iran pour comprendre le monde. Sa mort se situerait vers la fin du XVIIIè siècle.  Nombreux sont ses poèmes qui encore aujourd’hui, devenus des chants populaires, sont chantés par les jeunes et les vieux, mais aussi par les bergers et les cultivateurs de coton quand ils sont dans les champs.

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