प्यार

Inde

* "amour" en Hindi

" Je t'aime "
Quelques précisions sur cette langue

Langue officielle de l’Inde à côté de l’anglais, le hindi est la plus parlée des langues en Inde. En 2015, 70 % de la population indienne, soit plus de 700 millions de personnes, parleraient le hindi à des degrés divers (dont plus de 230 millions en langue maternelle) : le hindi est désormais enseigné dans tous les états et territoires de l’Inde, et est devenue une langue véhiculaire au même titre que la langue de l’ancien colonisateur Britannique, l’anglais. Officiellement, le hindi devrait servir de lingua franca en Inde, ce qui, dans les faits, n’est pas toujours le cas.
En 2001, 41 % de la population indienne a déclaré avoir le hindi (ou un de ses dialectes) comme langue maternelle. Parlé essentiellement dans le nord et le centre de l’Inde, c’est une langue indo-européenne de la branche des langues indo-aryennes, qui en est la plus vaste famille, dérivée du sanskrit et de divers prâkrits, écrite la plupart du temps au moyen de l’alphasyllabaire devanāgarī, qui se lit et s’écrit de gauche à droite. Elle est également parlée par une abondante diaspora de par le monde.

Quelques références littéraires et cinématographiques

INDE

En 1896, les frères Lumière se rendent en Inde pour promouvoir leur cinématographe. Le premier public est composé d’Anglais et de Parsis, propriétaires de théâtres, qui saisissent vite l’intérêt de ce nouveau moyen d’expression. Des séances de cinéma sont organisées en plein air ou dans les théâtres, avec des films européens. Le cinéma indien est né à Munbai (ex Bombay) en avril 1913, lors de la projection du premier film muet Raja Harishchandra réalisé par Dadasaheb Phalke. Ce n’est cependant qu’en 1931 qu’est projeté à l’Impérial de Bombay Alam Ara, le premier film parlant indien. Cette même année Pramatesh Chandra Barua, un prince bengali, désireux d’échapper à l’oisiveté liée à son statut, se lance dans une carrière d’acteur, réalisateur et s’empare du fameux roman « Devdas » pour l’adapter au cinéma. Dans les années 1930 l’avènement du parlant est marqué par l’introduction décisive de la musique, du chant puis de la danse, trois éléments qui vont devenir incontournables dans le cinéma indien. Le cinéma hindi, en grande parti produit à Bombay, pourrait se classer en quatre genres : le film épique à grand spectacle,   les thrillers, le mélodrame familial et le drame social. Si dans ce pays : « le cinéma est roi, la musique est reine ».

Bien que dans la société indienne le cinéma tienne une place majeure et soit le mode d’expression artistique le plus populaire, il reste cependant un cinéma assez méconnu dans son ensemble en Europe : « Peut-être est-ce un manque de curiosité pour cette culture ? », s’interroge le cinéaste et écrivain Vijay Singh. Il existe plusieurs centres de production, ils dépendent de la langue dans lequel le film est tourné (hindi, bengali, tamoul, télougou, kannada, malayalam etc.), car les cinémas de l’Inde sont des cinémas régionaux. Plusieurs réalisateurs tels Satyajit Ray, Adoor Gopalakrishnan, Ritwik Ghatak, Mrinal Sen, Shyam Benegal, pour n’en nommer que quelques-uns, sont aujourd’hui internationalement reconnus et considérés comme des cinéastes majeurs pour les cinéphiles du monde entier.

D’un point de vue commercial le plus célèbre est le cinéma hindi de Munbai auquel on a donné le nom de « Bollywood », tiré des mots Bombay et Hollywood. Ce dernier, contrairement à d’autres types de cinéma indien, est un cinéma qui s’exporte. Le phénomène Bollywood, dit-t-on volontiers, c’est la danse, la musique et le mélodrame. Un mélange des genres (intrigue sentimentale, scènes d’action, comédie musicale, et souvent aspects moraux et humour) et c’est le « surjeu » de ses stars qui caractérisent ces films au dénouement théâtral et spectaculaire. Bollywood, souvent décrié par les cinéphiles, a aujourd’hui évolué : « il y a maintenant des histoires bien ficelées, des metteurs en scène et des techniciens de meilleure qualité, un rythme plus soutenu et il me semble qu’un nouveau genre est en train d’émerger. Cela ouvrirait des portes en Europe », confie Vijay Singh. Si depuis les années 2000 le cinéma indien sort en salle en France (Lagaan, Devdas, la Famille indienne), il est diffusé dans les festivals depuis plusieurs décennies. Rappelons que la production cinématographique indienne est la plus importante au monde (environ 800 à 1000 films par an), ce qui bien sûr lui donne une richesse et une complexité immense d’où sa diversité et le titre Les cinémas de l’Inde d’Yves Thoraval, un ouvrage de référence sur le sujet. Mais aujourd’hui on peut dire que tous ces cinémas cohabitent. Depuis les années 1990 les films indiens sont réalisés dans une trentaine de langues et une grande partie d’entre eux sont tournés dans les États du sud, en tamoul, télougou, kannada et malayalam.

Pour ceux qui veulent découvrir les multiples facettes du cinéma indien sachez que le Musée Guimet à Paris programme depuis 2004 « l’Été indien », une manifestation riche et diversifiée qui permet de découvrir les arts de la scène indienne (musiques et danses) et le cinéma indien. Il permet aussi de comprendre l’une des originalités du cinéma indien qui se distingue souvent par un subtil mélange de musique, de danse et de poésie.

CINÉMA

DEVDAS

PRAMATESH CHANDRA BARUA (1935, noir et blanc, hindi et bengali)

Adapté du célèbre roman de éponyme de Sarat Chandra Chatterjee (1935) – P.C Barua (Devdas), Jamuna (Parvati/Paro), Rajkumari (Chandra), Chandrabati Devi (Chandramukti)

Premier Devdas, sorte de « Roméo et Juliette » indien, qui connaîtra plusieurs adaptations au fil des décennies. Devdas, fils d’un zamindar (propriétaire terrien) et Parvati, fille d’un voisin se connaissent depuis l’enfance, s’aiment et se croient promis l’un à l’autre. Mais la famille de Devdas s’y oppose, Parvati serait d’une classe inférieure. Le père de Parvati, offensé, décide de marier sa fille à un riche veuf. Celle-ci, ne se sentant pas capable de s’opposer à son père, se marie et, résignée, elle va tenter d’être une bonne épouse. Devdas, qui ne peut se résoudre à vivre sans elle, sombre dans l’alcoolisme et vient mourir devant la porte de la maison de Parvati.

DUNIYA NA MANE (L’INATTENDU)

V. SHANTARAM (1937)

Shanta Apte (Nirmala/Neera), Vimala Vashistha (Kaki), Keshavrao Date (Kakasaheb)

Nirmala, contrainte par son père de se marier à un veuf d’un âge certain, père d’une fille et d’un fils de son âge, accepte le mariage mais elle refuse de se donner à lui. Son mari comprend son attitude et il reconnaît que ce mariage obligé peut-être lourd de conséquences et de souffrances pour une jeune femme. Il décide de mettre fin à ses jours et lui laisse une lettre, lui expliquant qu’en l’épousant, il n’a fait que suivre la tradition. À son tour elle doit se remarier pour le salut de son âme.

ANDAZ

MEHBOOB KHAN (1949)

Nargis (Neeta), Dilip Kumar (Dilip), Raj Kapoor (Rajan), Murad (Bradriprasad)

Ce mélodrame, qui se situe juste après l’indépendance, remet en question les valeurs occidentales face à la modernité. Neeta, une jeune femme indienne très moderne, vit à l’occidentale dans une magnifique demeure. Ayant hérité de l’empire industriel de son père, elle en confie la gestion à son ami Dilip qui l’a sauvée d’un accident de cheval. Neeta est fiancée à un jeune play-boy qu’elle épouse, mais Dilip est amoureux d’elle. Malheureux il laisse filer les choses et néglige la gestion du patrimoine que Neeta lui a confié.

AAN (MANGALA, FILLE DES INDES)

MEHBOOD KHAN (1952)

Dilip Kumar, Nimmi, Nadira, Premnah

Une des premières productions indiennes en technicolor, incroyable péplum avec des milliers de figurants, des tigres, des éléphants… Son côté spectaculaire a valu au réalisateur les compliments de Cecil B. DeMille, quand il est venu présenter son film à Hollywood. Nous sommes au temps des Maharajas, le film oppose le monde fastueux et souvent corrompu des princes au monde rural et digne des paysans. Mangala, une jeune paysanne amoureuse de Jai Tilak, un jeune Radjput tout dévoué à son Mahadraja, est enlevé par l’arrogant et odieux Shmasher, fils du maharaja, qui tente de supprimer son père pour accéder au pouvoir. Le téméraire Jai réussira-t-il à sauver son Maharadja et Mangala ?

DEVDAS

BIMAL ROY (1955, noir et blanc)

Adapté du roman éponyme de Sarat Chandra Chatterjee (1917) – Dilip Kumar (Devdas), Vyjayanthimala (Chandramukhi), Suchitra Sen (Parvati /Paro), Molital (Chunni Babu)

Parmi les nombreuses adaptations de ce roman célèbre celle de Bimal Roy est le plus souvent considérée comme la meilleure. Une histoire d’amour célèbre et dramatique avec pour seule issue la mort. Devdas et Parvati se sont toujours aimés. Leur romance commence dès l’enfance et continuent à l’âge adulte. Follement épris ils désirent se marier mais le destin va les séparer. Un enchaînement de circonstances fait que Parvati doit en épouser un autre. Désespéré, Devdas noie son chagrin dans l’alcool, peu à peu son état de santé se dégrade et il semble être parvenu à un point de non retour. Il se souvient qu’il avait fait une promesse à sa bien-aimée, la revoir avant de mourir…

SHREE 420 (MISTER 420)

RAJ KAPOOR (1955, noir et blanc)

Raj Kapoor (Raju), Nargis (Vidhya), Nadira (Maya Devi)

Ce curieux titre « Monsieur 420 », fait référence à l’article 420 du code pénal indien pour les délits mineurs. Raju, comme beaucoup de gens qui vivent en milieu rural, pense qu’en ville leur situation sera meilleure. Diplômé, Raju se rend à Bombay où il a bon espoir de faire fortune et travailler dur ne lui fait pas peur. Il rencontre Vidhya, une charmante et modeste institutrice, dont il tombe amoureux mais quelque temps plus tard la belle Maya Devi, une femme de mauvaise de vie, se trouve sur son chemin. Sans le moindre scrupule, elle va tenter de le convaincre de gagner de l’argent facilement, l’inciter à commettre des délits et à s’immiscer dans le monde du crime et de la corruption. Raju pense à Vidhya, qui lui apparaît si différente et surtout vertueuse. Bien qu’il soit tenté de faire fortune il revient, avant de se laisser compromettre, vers Vidhya. L’amour est plus fort que l’argent. Raj Kapoor le « Charlie Chaplin » indien, cinéaste, acteur, scénariste, producteur, et Nargis réunis dans ce film ont été un des couples fétiches du cinéma indien des années 1950.

MOTHER INDIA

MEHBOOD KHAN (1957)

Premier film à être nommé aux Oscars du meilleur film étranger en 1957 – Nargis (Radha), Sunil Dutt (Birju), Raaj Kumar (Shamulu), Azra (Chandra), Kum Kum (Champa)

Ce film l’un des fleurons du cinéma populaire indien, permet de suivre le parcours touchant de Radha, une paysanne, véritable « Mère courage » mariée à Shamu, avec lequel elle a eu quatre enfants. Leur terre est hypothéquée par Sukhilada, un usurier malhonnête, et ils doivent travailler dur pour survivre. Son mari, victime d’un accident qui l’ampute de ses deux bras, choisit après ce drame de s’enfuir du domicile conjugal. Elle reste seule pour élever toute la famille. Deux de ses enfants meurent et elle est harcelée par l’usurier. L’un de ses fils qui, depuis toujours veut venger sa mère des humiliations qu’elle a subies, tombe amoureux de la fille de l’usurier et s’enfuit avec elle. La mère, qui croit avant tout aux valeurs morales et à l’honneur familial, ne supporte pas cette seconde fuite et cette trahison. Bien qu’incarnant une mère indienne parfaite, Radha ressent soudain l’obligation de sévir. Dans l’impossibilité d’accepter ce nouvel abandon, elle bascule de l’amour à la haine et tue son propre fils. À l’occasion de ce tournage Nargis rencontre Sunnil Dutt, star du cinéma indien, qui deviendra son mari.

SUJATA

BIMAL ROY (1959, noir et blanc)

Filmfare Awards du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice, Sujata a été présenté en compétition à Cannes en 1960 – Nutan (Sujata), Sunil Dutt (Adhir)

Le terrible poids des castes n’est pas très souvent abordé dans le cinéma hindi. Ici Bimal Roy choisit d’en faire le sujet central de son film. Nous sommes dans les années 50. Sujata, une jeune orpheline appartenant à la caste des intouchables, est recueillie par une famille d’industriels aisée qui l’élève comme leur fille Rama, avec cependant des différences (Rama joue au piano pendant que Sujata fait la lessive…) Sujata ignore sa caste d’origine, mais elle est reconnaissante envers ses parents adoptifs. Quand Rama est en âge de se marier, le cousin Adhir semble le gendre idéal. Mais ce dernier tombe amoureux de Sujata et réciproquement : le drame éclate. Charu, la mère, révèle à Sujata ses origines et elle comprend qu’elle n’est pas aimée comme « sa sœur », mais elle est prête à renoncer à Adhir pour ne pas perdre sa mère adoptive. Le père tente de protéger Sujata, mais il accepte les choix de sa femme plus attachée que lui aux interdits liés aux castes. Quand la mère fait une chute de cheval, seul le sang de Sujata peut la sauver. Mais c’est le sang d’une intouchable… Ce film reste un des grands classiques de l’âge d’or de Bollywood.

KAGAZ KE PHOOL (FLEURS DE PAPIER)

GURU DUTT (1959)

Guru Dutt (Suresh Sinha), Waheeda Rehman (Shanti), Baby Naaz (Pummy), Johnny Walker (le beau-frère), Mahesh Kaul (le beau-père)

Suresh Sinha, un cinéaste à succès, rencontre des problèmes familiaux. Sa femme vit séparée de lui et lui interdit de voir sa fille, pensionnaire, une situation dont il souffre. Âgé, il revient dans les studios où il a réalisé de grands films et il remonte le temps. Il se souvient d’une jeune fille, Shanti, débutante au cinéma, qu’il avait engagé sur son tournage. Il avait fait d’elle une grande actrice et à l’époque les commérages sur leur relation allaient bon train. Shanti avait rencontré la fille de Suresh qui lui avait conseillé d’abandonner le cinéma. Suresh s’était mis à boire, son film n’avait pas reçu le succès espéré et il avait été tenu à l’écart dans la profession. Guru Dutt, traite dans ce film d’un thème qui lui tient à cœur : le rôle de l’artiste dans la société et les rapports complexes entre cinéma et vie privée. Il propose aussi une réflexion sur la célébrité qui est un leurre, puisque du jour au lendemain tout peut s’arrêter. Fleurs de papier, qui montre l’histoire désenchantée d’un cinéaste, et Pyaasa, celle d’un poète, sont deux chefs-d’œuvre qui contribueront à faire de Guru Dutt, un réalisateur de légende à Bollywood. Ses films révèlent plusieurs éléments autobiographiques, sur la difficulté de la création artistique et l’angoisse de l’artiste maudit. Fleurs de papier est son dernier film, il se consacrera ensuite à la comédie, avant de se suicider en 1964.

MUGHALE E AZAM (LE GRAND MOGHOL)

KARIMUDIN ASIF (1960, hindi ourdou, anglais)

Madhubala (Anarkali), Dilip Kumar (Salim), Prithviraj Kapoor (l’empereur Akbar)

Le tournage a duré 9 ans et il a fallu 16 ans et beaucoup de ténacité pour que ce film, considéré comme le chef-d’œuvre du réalisateur ourdou Karimudin Asif, sorte. Il avait eu l’idée de réaliser ce film en 1944, mais ce rêve ne se concrétise qu’en 1960 quand, enfin accessible au public, le film connaît un immense succès grâce à des scènes devenues aussitôt légendaires. L’histoire se déroule au XVIè siècle et se rattache à une légende populaire. Le prince Salim, seul héritier, brûle d’amour pour Anarkali, une ravissante danseuse esclave de la cour moghole de Lahore. Mais son père, le Grand Moghol Akbar, bien que réputé pour sa tolérance (les musulmans et les hindous cohabitent dans la paix), s’oppose à cet amour, une mésalliance. Salim entre en conflit avec lui et ils s’affrontent à la tête de leur propre armée. Anarkali est emprisonnée, et Salim défie son père sur le champ de bataille, un des moments les plus spectaculaires du film avec des milliers de figurants et d’éléphants. Akbar triomphe et condamne son fils à mort. Anarkali offre sa vie pour le sauver et, d’après la légende, elle aurait été emmurée vivante. Cependant dans le film Akbar, déchiré entre son amour paternel et son devoir, se montre clément : il laisse vivre Anarkali sous certaines conditions, et son fils lui succédera sur le trône sous le nom de Jahangir. Madhubala, qui a été la plus grande star des années 50, et Dilip Kumar ont formé un des couples légendaires du cinéma indien.

SAHIB, BIBI AUR GHULAM (LE MAÎTRE, LA MAÎTRESSE ET L’ESCLAVE)

ABRAR ALVIN (1962)

Adapté du roman bengali de Bimal Mitra – Guru Dutt, Meena Kumari (Chhoti Babu), Waheeda Rehman (Jaba)

Bhootnath, architecte, revient dans les ruines du palais où il a vécut autrefois et tout son passé ressurgit. Les deux frères Zamindars (grands propriétaires terriens), vivaient pour le plaisir, l’alcool coulait à flot et des prostituées-danseuses les distrayaient, tandis que Chhoti Babu, la jeune épouse de l’un d’eux, très belle mais issue d’une caste inférieure, était malheureuse et délaissée. Bhootnath, amoureux de Jaba, la fille de l’intendant, était le confident de Chhoti Babu qui, pour tenter de se rapprocher de son mari, va s’adonner à l’alcool, une initiative désespérée qui la conduira à une descente aux enfers. Ce film, qui décrit la lente mais inévitable déchéance humaine, est considéré comme l’un des joyaux du cinéma indien.

LE GUIDE

VIJAY ANAND (1965)

Libre adaptation du roman de R. K. Narayan – Waheeda Rehman (Rosy), Dey Anand (Raju), Kishore Sahu (Marco), Leela Chitnis (la mère de Raju)

La très belle Rosy a été mariée contre son gré par sa mère, une danseuse courtisane, à un archéologue austère et tyrannique. En voyage avec son mari à Udaipur (Rajasthan), le couple engage le charmant Raju, un guide, qui séduit d’emblée Rosy. Elle divorce, l’épouse et réalise son rêve, devenir une danseuse riche et célèbre. Son mari lui sert d’imprésario. Ses numéros de danse rencontrent un énorme succès et Raju, jaloux, sombre dans l’alcool et la spirale infernale du jeu. Un jour, pour jouer, il falsifie un chèque de Rosy et se retrouve en prison. À sa sortie, désemparé, il erre dans la campagne où des villageois le confondent avec un saint homme. Ils l’accueillent dans un temple, Raju joue le jeu, et se dévoue tout entier à cette nouvelle communauté. Rosy se rend un jour en pèlerinage au temple et découvre la nouvelle vie ascétique de son ex-mari. Ce dernier meurt en jeunant pour implorer la pluie (chants dévotionnels superbes), mais il a sauvé son village de la sécheresse. Ce film a connu un grand succès populaire.

PAKEEZAH (CŒUR PUR)

KAMAL AMROHI (1972, hindi/ourdou)

Meena Kumari (Nargis et Sahibjaan), Ashok Kumar (Shahab), Raj Kumar (Salim Amhed Khan), Nadira Ashok

Un grand film d’amour qui se déroule à Lucknow (actuel Uttar Pradesh), une ville musulmane, où l’on suit la vie sur deux générations de courtisanes à la fin du XIXè siècle. Nargis, une courtisane de haut rang, espère échapper à sa condition et à sa profession de danseuse en épousant son amant, un riche client, mais la famille traditionnelle de ce dernier la rejette. Elle meurt en mettant au monde une petite fille Sahibjaan, élevée par sa tante qui enseigne l’art du chant et de la danse. Sahibjaan apprend le chant et la danse, devient à son tour une « tawaif » (danseuse-courtisane) et tombe amoureuse de Salim Amhed, un fils de bonne famille rencontrée fortuitement, mais dont les parents sont traditionnels et strictes. Ils commencent par s’opposer au mariage et de son côté Sahibjaan, qui craint de vivre la même disgrâce que sa mère, est réticente. Finalement quand les parents apprennent que Sahibjaan est d’ascendance noble, ils acceptent le mariage. On voit combien pèse, sur le destin de chacun, le poids des traditions. C’est la dernière apparition de la grande actrice Meena Kumari, surnommée la reine de la tragédie, décédée à 39 ans, trois semaines après la sortie du film.

ANKAHEE (LE NON-DIT)

AMOL PALEKAR (1984)

Amol Palekar (Nandu), Deepti Naval (Indu), Devika Mukherjee (Shushma)

L’agnostique Nandu, dont le père est astrologue, est irrité sans le montrer par la superstition attaché aux pouvoirs de son père, la plupart de ses prédictions se réalisant. Quand il décide d’épouser Shushma, son père refuse et lui prédit que sa première femme mourra dès sa première couche. Bien qu’il ne veuille pas l’écouter, celui-ci jette un trouble et Nandu est angoissé à l’idée d’aller contre les prédictions de son père. Quelques temps plus tard il rencontre Indu, la très jolie fille d’un ami de son père, venue s’installer chez eux pour être suivie par un psychiatre : elle est atteinte de terribles angoisses, mais ses troubles sont curables. Nandu se met alors à échafauder un stratagème. Il va épouser Indu. Si la malédiction annoncée par son père est vraie elle mourra à sa première maternité, et ensuite il pourra épouser Shushma sans crainte, la malédiction ne concernant pas la seconde épouse. Marié, Nandu révèle à Indi, par souci d’honnêteté au moment où elle est enceinte, la vérité sur son mariage. Quand elle accouche, l’anxiété est extrême. Indi survit mais Shushma, n’ayant plus revu Nandu depuis qu’il lui a annoncé son plan et sachant Indi sur le point d’accoucher, se suicide. Avant cet acte fatal, elle a écrit une ultime lettre à Nandu.

RAOSAHEB

VIJAYA MEHTA (1986)

Anupam Kher (Raosaheb), Vijaya Mehta (Mawsi), Tanvi Azmi (Radhika), Nilu Phule

La réalisatrice aborde ici le terrible sort réservé aux veuves brahmanes. L’histoire se déroule dans les années 1920 dans une famille brahmane. Raosaheb, un avocat progressiste de 35 ans, revient en Inde après avoir exercé Angleterre. Il s’installe dans la demeure aristocratique familiale assez vétuste (sauf l’étage où il vit) avec son frère, sa sœur et sa tante Mawsi. Ces dernières sont toutes les deux veuves et selon la tradition brahmane il leur est interdit de se remarier, elles doivent vivre à l’écart du monde et avoir la tête rasée. Cette vie recluse est sinistre pour les femmes. Un jour l’employé Bhaurao emménage dans une maison voisine avec sa jeune épouse Rhadika, âgée de 15 ans, qui vient de mettre au monde un enfant. Raosaheb l’incite à sortir avec sa femme et non pas la tenir confinée chez lui, comme le font tant d’hommes. Ils vont au théâtre ensemble et les villageois sont choqués de voir Bhaurao et son épouse s’afficher en public. Atteint d’une pneumonie Bhaurao meurt soudainement et Rhadika se retrouve veuve à son tour. Son beau-père ordonne sur le champ qu’on lui rase la tête. Raosaheb lui ordonne à son tour de se laisser pousser les cheveux et il ne lui cache pas son attirance pour elle. Mawsi lui conseille de l’épouser, ce qu’il est tenter de faire d’autant plus que ce mariage correspondrait à ses convictions : même brahmane, une femme doit pouvoir se remarier. Cependant, il se montre indécis, subit malgré lui le poids des traditions et n’ose pas passer outre. Profondément déçue par son attitude, Rhadika décide d’assumer son veuvage. Elle fait venir le barbier pour lui raser la tête… Raosaheb se retrouve seul et sombre peu à peu dans la folie.

MAYA MEMSAAB (MADAME ILLUSION)

KETAN METHA (1992)

Libre adaptation, version indienne, de Madame Bovary de Gustave Flaubert – Deepa Sahi (Maya), Shah Rukh Khan

Ketan Metha, un cinéaste considéré dans les années 80 comme « le plus talentueux représentant » de la génération montante, fait scandale en Inde. Le film présente une femme libre d’orienter sa vie et de décider seule de ses choix, une prise de position choquante et inédite en Inde. Maya, interprétée par Deepa Sahi (magnifique en Emma hindi), mariée à un médecin, vit une vie qui ne ressemble en rien aux espoirs qu’elle avait fondée dans son mariage. Elle ressent un ennui profond. Elle se laisse séduire par d’autres hommes et se décide à aller jusqu’au bout de ses désirs amoureux. Mais elle n’ait jamais satisfaite par ces rencontres, même si elle connaît quelques instants de fusion passionnelle. L’adultère ne lui apporte pas le bonheur espéré, il la conduit au même vide profond. Elle dépense sans compter, s’endette et aucun de ses amants n’est prêt à l’aider. L’ennui, le désespoir et le mal de vivre l’entraînent vers une fin tragique.

FIRE

DEEPA MEHTA (1996)

Shabana Azmi (Rhada), K. Kharbanda, Nandina Das (la plus jeune)

Ce film, qui a fait scandale en Inde, aura une unique projection au festival du film de l’Inde en 1997 : la réalisatrice ose explorer l’homosexualité féminine. Deux femmes épousent deux frères, elles vivent avec leur belle-mère et vont vite déchanter du mariage. Elles appartiennent à la classe moyenne de Delhi, où le bonheur conjugal semble un idéal loin des préoccupations, l’important étant la réussite dans les affaires. Elles sont toutes les deux délaissées par leur mari. La plus jeune, mariée au plus jeune frère, est mal traitée par son mari qui la trompe. Quant à Radha, l’aînée, son mari lui manifeste de l’indifférence depuis longtemps, il a fait vœu d’abstinence depuis des années pour suivre les préceptes de son gourou. Peu à peu les deux belles sœurs nouent une amitié, une connivence et tissent des liens affectifs de plus en plus ambigus. Révoltées contre les hommes elles se sentent attirées l’une vers l’autre… Montrer un couple de jeunes lesbiennes a entraîné des réactions extrêmement violentes, comme l’incendie des salles dans lequel le film a été diffusé.

KUCH KUCHIHOTA HAI (LAISSE PARLER TON CŒUR)

KARAN JOHAR (1998)

Shahrukh Khan (Rahul), Kajol (Anjali Sharma), Rani Mukerji (Tina Malhotra), Sana Saeed (Anjali Khanna)

C’est l’histoire d’un amour contrarié entre Rahul et Anjali. Tina et Rahul, mariés, attendent un enfant mais le jour de la naissance de leur fille Anjali, Tina meurt. Elle a laissé un paquet de lettres. Dans la dernière, qu’Anjali ne découvre qu’à l‘âge de huit ans, sa mère lui explique la raison du choix de son prénom, il le lui a été donné en souvenir d’Anjali Sharma, la meilleure amie de son père au lycée. À partir de ce moment se déroule un long flashback qui nous transporte à l’époque où Rahul, chef de bande et volage, et Anjali, véritable garçon manqué, étaient les meilleurs amis du monde. Anjali prend conscience de ses sentiments amoureux envers Rahul, quand il rencontre Tina Malhotra qui deviendra sa femme. Désespérée, Anjali s’enfuit sans laisser de nouvelles. La petite Anjali, qui comprend ce que la lettre peut suggérer, va tout faire pour que la grande Anjali puisse retrouver son amour d’enfance.

JAYA GANGA (JAYA, LA FILLE DU GANGE)

VIJAY SINGH (1998)

Inspiré du premier roman du cinéaste One Dollar Curry – Asil Rais (Nishant), Smriti Mishra (Zehra), Paula Klein (Jaya), Jean-Claude Carrière (le professeur de français), Vijay Singh (Sanjay)

Premier long-métrage de Vijay Singh. Nishant, un jeune écrivain indien résidant à Paris, quitte la France pour l’Inde dans le but d’accomplir un voyage initiatique au fil du Gange, le fleuve sacré. Amoureux de Jaya, une jolie parisienne, il est hanté par elle. Au cours de ce périple il a décidé d’écrire ses impressions pour en faire un livre. Un jour il rencontre Zehra, une ravissante courtisane indienne, danseuse et poète, qui travaille dans une maison close. Amoureux d’elle il tente de l’extraire de ce milieu de la prostitution. Elle s’enfuit et se joint à lui pour continuer la descente du Gange. Enfin aimé pour elle même, elle découvre l’amour, la complicité, le partage et avec la perspective de suivre Nishant à Paris, une nouvelle s’offre à elle. Quelques temps plus tard, Nishant reçoit un télégramme de Jaya, elle lui donne rendez-vous à Bénarès. Cette annonce le surprend, le trouble. Cette arrivée subite va-t-elle remettre en question son amour parisien ou son nouvel amour indien ?

MOHABBATEIN

ADITYA CHOPRA (2000)

Amitabh Bachchan (Narayan Shankar), Shahrukh Khan (Raj Aryan), Aishwarya Rai (Megha), Jimmy Shergill, Kim Sharma

Vicky, Sameer et Karan partent faire leurs études à Gurukul, une prestigieuse école de musique dirigée depuis près d’un quart de siècle par Narayan Shankar. L’enseignement est basé sur l’honneur, la discipline la tradition, un mode de vie auquel on ne déroge pas, et que le maître impose avec une poigne de fer. Les trois étudiants sont amoureux d’une fille, mais impossible pour eux de sortir pour la rencontrer. La raison du comportement intraitable de Narayan envers ses étudiants a une cause tragique et profonde. Megha, sa fille, tombée amoureuse d’un élève quelques années plus tôt, s’est suicidée à la suite du refus de son père d’accepter cette relation et du renvoi de l’élève. Un jour arrive Raj Aryan, un jeune professeur de violon, qui va complètement bouleverser la vie de l’école et réussir à tenir tête au directeur. Mais qui est réellement ce professeur qui semble revenir sur des lieux qu’il connaît et met l’amour au-dessus de tout ?

LE MARIAGE DES MOUSSONS

MIRA NAIR (2001)

Lion d’or à la Mostra de Venise en 2001 – Naseeruddin Shah (Lalit Verma), Lillete Dubey (Pimmy Verma), Vasundhara Das (Aditi Verma), Shefali Shetty (Ria Verma), Vijay Raaz (Parabatlal Kanhaiyalal)

Ce film est intéressant car il nous présente une société indienne à deux vitesses. L’histoire se situe au cœur d’une famille bourgeoise indienne tiraillée entre les us et coutumes traditionnelles et la modernité, entre la vie indienne, les influences occidentales et le mirage américain. Des choix de vie complexes qui mettent en scène des amours, des ruptures, des interrogations, des doutes… Les mariages arrangés sont toujours d’actualité, le père d’Aditi lui a choisi un mari qu’elle ne connaît pas. Il veut une noce fastueuse, selon la tradition du Pendjab, et convoque des centaines de personnes pour fêter l’évènement, mais Aditi est amoureuse et ne souhaite pas se marier… Finalement elle cède. Mais le mariage le plus touchant n’est-il pas celui d’Alice, la servante ? Probablement, parce que c’est un mariage d’amour. Vous pourrez entendre plusieurs langues dans le film, les plus aisées parlent anglais, les classes défavorisées parlent hindi : ce n’est pas un hasard, c’est un fait social. Le film traite aussi d’un sujet tabou : la pédophilie.

KHABI KUSHI KABHIE GHAM (LA FAMILLE INDIENNE)

KARAN JOHAR (2001, hindi, ourdou, anglais)

A reçu de nombreuses récompenses – Amitabh Bachchan (Yashavardhan, le père), Jaya Bachchan (Nandy, la mère), Shah Rukh Khan (Rahul), Hrithik Roshan (Rohan), Kajol (Anjali), Kareena Kapoor (la sœur d’Anjali)

Rohan et Rahul sont deux frères, élevés avec la même affection au sein d’une famille aisée où cependant pèse un lourd secret : Rahul est un enfant adopté et personne ne doit en parler. Rohan l’apprend à son retour dans la maison familiale, après des années d’absence. Rahul a toujours eu à cœur de ne pas décevoir Yash, son père, un homme d’affaires puissant, respectueux des traditions et cherchant à inculquer à ses fils des valeurs morales. Il se prépare à marier Rahul à la jeune Naina, mais son fils ne l’aime pas. Il est amoureux d’Anjali, une jolie jeune fille enjouée mais de condition modeste, une nouvelle qui créer de violentes tensions au sein de la famille… Yash n’accepte pas de donner son nom à cette femme, il répudie son fils qui s’enfuit à Londres. Rohan, qui adore son frère, part à sa recherche pour tenter de réconcilier la famille… Ce film, qui se rattache à la nouvelle vague du cinéma indien et réunit un impressionnant casting de grandes stars de Bollywood, a connu un grand succès.

SAMSÂRA

PAN NALIN (2001)

Shawn Ku (Tashi), Christy Chung (Pema), Sherab Sangey (Apo), Neelescha Bavora (Sujata)

Malheureusement le cinéaste n’a pas fait appel à des acteurs locaux pour ses principaux protagonistes : Christy Chung est sino-québécoise, Neelescha Bavora est germano-indienne et Shawn Ku est sino-américain. À l’issue de trois ans, trois mois et trois jours d’une vie recluse volontaire dans un monastère isolé du Ladakh, Tashi sort. Il se rend dans le monastère bouddhiste, où il a vécu depuis l’âge de cinq ans, et retrouve ses compagnons lamas. Au fil du temps il ressent soudain un désir charnel troublant et dérangeant. Au cours d’une expédition, il rencontre Pema et tombe amoureux. Son engagement spirituel est ébranlé et Aô, le doyen du monastère, décide de l’envoyer dans un ermitage où il pourra consulter des textes tantriques qui lui révéleront les mystères de la vie sexuelle. Tashi comprend qu’il doit passer par une initiation pour pouvoir y renoncer. Il quitte le monastère pour partager la vie des hommes, retrouve Pema, l’épouse et ils ont un fils. Mais cette nouvelle vie, qui lui apporte amour et bonheur a aussi son lot de souffrance. Elle l’incite à suivre un autre chemin, celui de l’Éveil, un chemin spirituel qui va lui permettre de rejoindre Bouddha.

DEVDAS

SANJAY LEELA BHANSALI (2002)

Projeté en ouverture du Festival de Cannes, meilleur film en langue étrangère et nombreuses récompenses. Inspiré du roman éponyme de Sarat Chandra Chatterjee Devdas (1917) – Shah Rukh Khan (Devdas, meilleur acteur), Aishwarya Rai (Parvati, meilleure actrice), Madhuri Dixit (Chandramukhi), Jackie Shroff (Chunilial), Kiron Kher (Sumitra)

Cette énième adaptation de « Devdas » est une superproduction bollywoodienne aux couleurs flamboyantes, avec des décors, des costumes et des chorégraphies dignes du plus grand opéra. Cette célèbre tragédie romantique, aux conventions sociales déroutantes, est considérée comme le « Roméo et Juliette » indien. Devdas a toujours été amoureux de Parvati dite Paro, sa voisine d’enfance, mais, appartenant à une caste inférieure, son père s’oppose à leur mariage. À son retour en Inde, après avoir étudié plusieurs années à Londres, il espère pouvoir épouser celle qu’il aime. Son père met toujours son veto. Humilié, le père de Paro oblige sa fille à épouser un riche noble beaucoup plus âgé qu’elle. Désespéré, Devdas part pour Calcutta où il ne tarde pas à sombrer dans l’alcool. Il rencontre Chandramukhi, une jolie courtisane qui l’aime, elle le console mais son amour n’a pas d’emprise sur lui, il ne peut oublier Paro. Le bonheur semble impossible pour Devdas. Un jour, se voyant sur le point de mourir, Devdas tente de rejoindre Paro…

VEER-ZAARA

YASH CHOPRA HINDI, OURDOU, PENDJABI (2004)

Nombreuses récompenses dont 4 Filmfare Awards en 2004, notamment celui du meilleur film – Shah Rukh Khan (Veer), Preity Zinta (Zaara), Rani Mukerjee (Saamiya)

Le film aborde le délicat problème des relations entre l’Inde et le Pakistan, devenus frères ennemis lors de la partition l’Inde en 1947 (indépendance), et que l’on découvre ici à travers une dramatique histoire d’amour. Zaara, une jeune fille enthousiaste et insouciante, vit à Lahore au Pakistan. Sa vieille nourrice, originaire du Pendjab indien, lui avait demandé de ramener ses cendres sur ses terres d’origine. Un jour Zaara se décide à entreprendre ce voyage et se rend seule au Pakistan. Victime d’un accident elle est secourue par Veer, un pilote de l’Indian Air Force, ils ignorent que leur rencontre va changer leur destin. Veer l’aide à retourner au Pakistan où Zaara retrouve son fiancé (imposé par son père) et doit se marier. Elle prend conscience de son amour pour Veer qui lui a avoué ses sentiments. Désespérée à l’idée d’épouser un homme qu’elle n’aime pas, Veer se décide à aller la chercher. Zaara, heureuse, ne peut s’empêcher d’afficher publiquement ses sentiments devant son fiancé, choqué et humilié. Mais Veer et Zaara, qui comprennent la difficulté et les obstacles à franchir pour pouvoir s’aimer, décident de se séparer. Mais le fiancé, pour éloigner définitivement Veer de Zaara, fait courir le bruit qu’il pourrait être un espion et il se retrouve en prison. Le début du film commence 22 ans plus tard, quand une jeune avocate s’intéresse au cas de Veer et cherche à savoir les raisons de son emprisonnement. Elle doit abattre des murs pour faire éclater la vérité : le gouvernement pakistanais n’est pas favorable, le procureur s’y oppose et Veer se mure dans un silence pour protéger Zaara, qu’il n’a jamais cessé d’aimer.

WATER

DEEPA MEHTA (2005)

Sarala (Chuyia), Seema Biswas (Shakuntala), Lisa Ray (Kalyani), John Abraham (Narayan), Vinay Pathak (Rabindra)

« Water » clôt la trilogie de la réalisatrice indo-canadienne qui dénonce, la condition féminine en Inde comme la tragédie du mariage forcé, et s’interroge sur les contradictions de son pays d’origine. Fire (1996) montre la déception de deux femmes qui, délaissées par leur mari, tombent amoureuses l’une de l’autre. Earth (1998) évoque une histoire d’amour impossible entre une pakistanaise et un indien, conséquence de la douloureuse partition de 1947, et Water  dénonce le cas des veuves condamnées à vivre recluses jusqu’à leur mort.

Nous sommes en 1938. À l’âge de huit ans la vie de Chuyia n’a déjà plus de sens. Veuve, d’un mari auquel elle était promise à la naissance et qu’elle n’a jamais connu, Chuyia est condamnée à vivre dans un « ashram » qui accueille les veuves. Dès leur arrivée, elles sont tondues, (le crâne rasé symbolise le veuvage et selon les « Saintes Écritures », une femme veuve doit mourir avec son mari), vêtues de blanc et, considérées comme de véritables parias, elles n’ont plus aucun droit de participer à la vie extérieure et doivent vivre en ce lieu jusqu’à leur mort. Curieusement peu d‘entre elles se révoltent, nombreuses sont même celles qui adhèrent à ces traditions et subissent le poids de la religion. L’arrivée de Chuyia, une petite fille qui ne comprend pas ce qui lui arrive, va, malgré son jeune âge, pousser certaines femmes à s’interroger. L’une d’elle, Kalyani, qui voudrait se remarier, cherche à quitter l’ashram mais les autres femmes se dressent contre elle. Elle est la seule à avoir gardé ses cheveux, car la nuit elle se prostitue pour régler les frais de la maison… Quand ces femmes sortent dans la rue, elles subissent des humiliations publiques, comme cet homme qui demande à l’une d’elle de s’éloigner pour ne pas souiller une jeune mariée… Kalyani, qui n’a plus le droit d’aimer, se dirige vers l’eau du fleuve sacrée du Gange, pour un ultime voyage… Un film fort, de remarquables portraits de femmes dans les Années 30, une époque où Gandhi impulse le mouvement de l’indépendance de l’Inde et où les nationalistes veulent se libérer des traditions pour accéder à la modernité. Gandhi condamnera le système des castes comme le statut des veuves.

DABBA (THE LUNCHBOX)

RITESH BATRA (2012)

Irrfan Khan (Sajaan), Nimrat Kaur (Illa), Nawazuddin Siddiqui (Shaikh), Lillete Dubey (Mère d’Illa), Nakul Vaid (Rajeev)

Les histoires d’amour peuvent naître de la façon la plus inattendue, cette comédie romantique nous le prouve. Nous sommes à Bombay. Illa, une jeune femme au foyer, délaissée par son mari et menant une existence monotone, mijote des bons petits plats pour son mari, espérant ainsi reconquérir son cœur. Ces repas (près de 200 000 par jour) sont récoltés par un incroyable service de livraison et distribués par des « Dabbawallahs » (des livreurs illettrés qui utilisent un code pour ne pas se tromper de destinataire). Bien que réputé infaillible, ce système de livraison va pourtant connaître un raté et faire atterrir la lunchbox d’Ila sur le bureau de Saajan, un comptable veuf, aigri et solitaire. Le soir Illa espère des compliments de son mari, mais rien ne vient. En revanche, Sajaan a été surpris par ce bon repas qui le change de la médiocre nourriture livrée chaque jour. Comprenant qu’une erreur de livraison s’est produite, Ila glisse dans la lunchbox un petit mot, dans l’espoir de percer le mystère. L’erreur se répète. S’en suit une relation épistolaire entre Illa et Sajaan deux êtres, qui ressentent une grande solitude au milieu de cette gigantesque métropole pourtant grouillante de monde, que rien ne prédestinait à se confier l’un à l’autre ? Peu à peu ils vont se nourrir spirituellement, se surprendre, s’apprivoiser et trouver un élan positif dans la pudeur des sentiments. Ce premier long-métrage de Ritesh Batra, acclamé par la critique au Festival de Cannes en 2013, a connu un incroyable succès planétaire pour un film à petit budget.

PARCHED (LA SAISON DES FEMMES)

LEENA YADAV (2016)

Tannishtha Chatterjee (Rani), Radhika Apte (Lajjo), Surveen Chawla (Bijli), Adil Hussain, Lehar Khan (Janaki), Riddhi Sen (Gulab), Mahesh Balraj (Manoj), Chandan Anand (Rajesh), Sumeet Vyas (Kishan)

Dans un petite village du Gujarat vivent quatre jeunes femmes qui subissent la violence et l’indifférence des hommes, voire de leurs maris, et où tout ce qui vient d’elle suscite l’opprobre. Dans ce contexte rural et misogyne, elles ressentent presque de la honte d’être une femme. Leur destinée est d’être mère, épouse, veuve, belle-fille, mais tout espoir de s’éduquer, de travailler, de lire semble vain. Décidées à s’affirmer et, renforcées par leur amitié solidaire, elles osent exprimer leur soif de vivre et de liberté. Rani, veuve dès l’adolescence, élève comme elle peut son fils alcoolique, mais son statut de veuve ne lui permet plus de porter des tissus de couleur et d’avoir des relations sexuelles ; Lajjo est battue par son mari en raison de sa prétendue stérilité ; Bijli, danseuse itinérante et prostituée, est célébrée par les hommes mais aucun ne lui témoigne du respect ; quant à Janaki, elle a été mariée de force à l’odieux Gulab. La cinéaste a choisi de ne pas filmer la violence mais de la suggérer à travers des cris au-delà des cloisons, des larmes sur les visages, des hématomes qu’un maquillage a du mal à cacher. Animées par une pulsion de vie on suit les quatre héroïnes, lors de leurs échappées sur la route en bus ou à moto. Loin de leur village, elles vivent, rient, se baignent au milieu du désert, partagent un bonheur fugitif… Mais de retour au foyer, elle retrouve leur triste quotidien, Janaki doit affronter la maltraitance de Gulab… Leena Yadav fait partie de ces artistes qui s’associent, à travers le 7ème art, à ceux qui espèrent par leur création artistique faire bouger les mentalités de par le monde. Ce film à sa sortie n’avait pas reçu l’autorisation de la censure pour être diffusé en Inde.

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