Sevgi

Azerbaïdjan

* "amour" en Azéri

" Je t'aime "
Quelques précisions sur cette langue

L’azéri, parfois appelé azerbaïdjanais (Azərbaycan dili ou azəri dili en azéri) ou azéri-turc, est une langue appartenant au groupe des langues turques de la famille des langues altaïques. Il est parlé dans le Caucase et le Moyen-Orient, principalement en Azerbaïdjan et en Iran. Le nombre total de locuteurs est évalué entre 25 et 35 millions dont un peu plus de 9 millions en Azerbaïdjan (dont il est la langue officielle) et entre 10 et 13 millions en Iran (d’après le CIA World Factbook principalement).

Quelques références littéraires et cinématographiques

AZERBAÏDJAN

 

En Azerbaïdjan, appelé « Terre de feu » à l’époque Perse – époque où ce nom faisait référence aux plus anciennes régions pétrolifères du monde qui s’y trouvent, et dont le nom en persan « aturpatakan » signifiait « lieu où un feu sacré est conservé » – les débuts du cinéma remonte curieusement au pétrole. Et figurez-vous que c’est Alexandre Michon, un industriel français dans le domaine du pétrole, un proche des frères Lumière, qui a introduit le cinéma à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan en 1898. Il y fonde le premier cercle photographique de Bakou, y réalise des documentaires  et, fasciné par le décor naturel et l’importance du pétrole dans cette partie méconnue du monde, il y tourne le premier documentaire La Puis­sance du Puits de Pé­trole de Bibi Hey­bat. Sans le savoir il posait les premières pierres d’un cinéma « florissant, mais tourmenté. » The Reign of Oil and Millions « , tiré du roman homonyme de M. Musabeyov, a été produit avec l’aide du financement des magnats du pétrole. Le premier grand réalisateur Abbas Mirza Sharifzadeh (1893-1938), qui était aussi acteur, a soutenu la libération des femmes azerbaïdjanaises pour qu’elles accèdent à l’art, jusqu’alors réservé aux hommes.  Mais, ce grand interprète shakespearien, accusé d’espionnage a été condamné à mort par le régime soviétique. S’en suivra une période noire pour le cinéma, essentiellement centré sur des films de propagande. Cependant quelques films échappent à la censure comme Ar­shin mal alan, le premier opéra musulman, retranscrit à l’écran. Durant les années 1970 des réalisateurs tels que Arif Babayev (La der­nière nuit d’en­fance), Hasan Seyidbeyli (Le prix du bon­heur) et Rasim Odjagov (L’in­ter­ro­ga­tion) traitent de sujets historiques.  Si les années 1990 sont marquées par une production ralentie faute de moyens, on assiste depuis 2005 à un renouveau et les cinéastes azerbaidjanais sont programmés dans les festivals internationaux. C’est le cas de Fortress de Shamil Nacafzald (2006), présenté à Vancouver en 2013 et de Steppe Man de Shamil Aliyev (2012), qui participe à ce nou­veau mou­ve­ment ci­né­ma­to­gra­phique, et qui a of­fi­ciel­le­ment re­pré­senté l’Azer­baïd­jan aux Oscars 2014, dans la ca­té­go­rie « Meilleur film en langue étran­gère ».  Cette même année deux courts métrages Sonuncu (The last one) de Sergey Pikalov (2014) et Torn d’Elmar Imanov ont été présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. Rustam Ibrahimbayov, metteur en scène, scénariste et réalisateur azéri, a co-écrit le scénario de Soleil trompeur (1994) qui a remporté le prix du public au Festival de Cannes et l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. La chauvesouris (1995), d’Ayaz Salayev, a reçu le Grand Prix du Festival du film international d’Angers.

 

CINÉMA

 

MAVI DANIZIN SHAHILINDA (AU BORD DE LA MER BLEUE)

BORIS BARNET et SAMED MARDANOV (noir et blanc, 1935)

Elena Kouzmina (Misha), Lev Sverdline (Yussuf), Nicolaï Krioutchkov (Aliosha)

Yussuf et Aliosha sont deux marins qui, après leur naufrage en mer Caspienne, échouent sur une île. Ils y découvrent un kolkhoze et sa jolie chef d’équipe Misha. Tous deux en tombent amoureux et deviennent rivaux. Après leur tentative de séduction, ils comprennent que Misha en aime un autre… Pour bien des cinéphiles ce film est un chef-d’œuvre, qui se distingue par : « une liberté́ folle, drôle et sensible, qui marqua profondément les cinéastes de la Nouvelle Vague. »

 

ARSHIN MAL ALAN (CLOTH PEDDLER, LE COLPORTEUR DE TISSUS)

REZA TAKHMASSIB et NICOLAS LECHENKO (noir et blanc, 1945)

Rashid Behbudov (Asgar), Leyla Badirbayli (Gulchoehra), Alakbar Huseynzade (Soltan Bey) Inspiré de Arshin Mal Alan du compositeur azervaïdjanais Uzeyir Hajibeyov, premier opéra musulman. La Fondation Heydar Aliyev d’Azerbaïdjan à Los Angeles, a remasterisé et colorisé le film en 2013.

Asgar, un jeune mar­chand beau et riche, re­ven­di­que le droit de choi­sir son épouse à une époque où la re­li­gion en­core prédominante ne pro­pose que des ma­riages ar­ran­gés. Ces valeurs archaïques sont traitées avec humour, ce qui a assuré le succès du film. L’in­trigue se situe à Bakou au début du XXe siècle. Asgar, qui veut se marier avec l‘élue de son cœur tente de communiquer avec elle avant le mariage mais la tradition lui refuse cette faveur. Alors il décide de se déguiser en marchand de tissus pour séduire Gulchoehra qui tombe amoureuse de lui. Craignant que son père n’accepte qu’elle épouse un marchand de tissus, elle n’ose pas lui avouer son amour, mais Asgar n’hésite pas à lui demander la main de sa fille. Le père, voyant qu’il s’agit d’un jeune homme riche, l’accepte comme gendre. Le rôle d’Asgar est interprété par Rashid Behbudov, un grand ténor azéri.

 

COLCHU (STEPPE MAN)

SHAMIL ALIYEV (2012)

Salomé Demuria, Vidadi Gasanov, Vusal Mehraliyev, Javidan Mammadly, Bahruz Vagifolgu

 Ce film a été sélectionné pour re­pré­senter l’Azer­baïd­jan aux Oscars 2014 dans la ca­té­go­rie « meilleur film en langue étran­gère »

Un berger vit au cœur des steppes et, selon les principes enseignés par son père, il mène une vie empreinte de sagesse en harmonie avec la nature. Après la mort de son père il rencontre une jeune et jolie jeune femme qui vient de la ville, elle va transformer sa vie et lui ouvrir les portes d’un univers méconnu. Sera-t-elle prête à s’investir dans une vie pastorale et lui acceptera-t-il sa présence dans son monde ?

 

SHANGHAI, BAKU

TEYMUR HADJIYEV (CM, 2015)

Roza Ibadova, Rasim Jafarov, Mir-Moysun Mirzazade Inspiré d’une nouvelle d’Anton Tchékov « Le mauvais garçon »

Samir, un cinéaste amateur vit avec un père tyranique et sa sœur aînée Roza. Ils habitent à « Shanghai », un bidonville situé à proximité du centre-ville de Bakou. Par simple accident, Samir capture une vidéo intime de Roza et son petit ami Rasim, un travailleur étranger azerbaïdjanais de Moscou. Avec cette vidéo, Samir fait chanter Roza et Rasim, conscient des répercussions de son jeu si leur père venait à découvrir ce document. Rasim essaie de soudoyer Samir, cependant son attitude se rattache à un problème beaucoup plus profond qu’en apparence.

 

LITTERATURE 

 

L’Azerbaïdjan, situé à la croisée des anciens empires turc, persan et russe, est une terre ancienne héritière d’un vaste patrimoine culturel. En ce qui concerne la littérature, on peut dire que bons nombres d’écrivains et de poètes azerbaïdjanais célèbres écrivaient en turc azéri, en persan ou en arabe, parfois certains d’entre eux s’exprimaient dans ces trois langues. Au fil des siècles et des soubresauts de l’histoire la langue a subi des transformations. L’azéri s’écrivait autrefois avec l’alphabet arabe puis, à l’époque soviétique, l’usage de l’alphabet cyrillique a été imposé et, après l’indépendance, l’Azerbaïdjan a finalement adopté l’alphabet latin, comme en Turquie. Toutes ces raisons historiques et linguistiques font qu’aborder la littérature azérie n’est pas si simple. De plus, rares sont les traductions en langue française. Cependant, l’une des choses qui frappent les voyageurs d’aujourd’hui, à Bakou par exemple, ce sont les multiples références littéraires qui existent à travers la capitale. Le musée national de la Littérature ou musée Nizami Gandjavi, du nom du célèbre poète, est un beau bâtiment blanc orné de statues d’écrivains du pays : Muhammed Fuzuli, Molla Panah Vaguif, Mirza Fatali Akhundov, Kurchidbanu Natavan, Djalil Mamedkulizade et Djafar Djabbarli.

 

ROMAN

Parmi les romanciers citons Mammed Ordubadi (1872-1950), auteur de romans historiques et d’un opéra classique, Ilyas Afandiyev (1914-1996), dont l’Unesco a fêté le 100 ème anniversaire de sa naissance, qui a publié plus de 80 œuvres, des pièces de théâtre, des recueils de poésies, des romans, des nouvelles et des essais. Mirza Huseyn Javid (1882-1941), poète et dramaturge, arrêté et déporté en Sibérie, Mikail Mushfiq (1909-1938) et Ahmad Javad (1882-1937) ont eux aussi été victimes de la répression soviétique. Fatali Akhundov (1812-1878), un romancier et philosophe qui parlait le russe, le persan et l’arabe, dont la première œuvre importante est le poème Pour la mort de Pouchkine. Mais le plus célèbre d’entre eux reste encore aujourd’hui Kurban Saïd, un écrivain énigmatique et insaisissable de l’entre-deux-guerres, dont l’identité est entourée d’un mystère, qui a probablement participé au succès de son roman Ali et Nino, l’un des best-sellers du XXè siècle traduits en 33 langues. Quand on voit Kurban Saïd, apparaître coiffé d’un fez ou d’un turban, il évoque d’emblée Pierre Loti et sa ferveur pour un Orient imaginaire.

 

KURBAN SAÏD (1905-1942)

Qui était Lev Nussinbaum, alias Essad Bey, alias Kurban Saïd ? Ce dernier nom de plume n’est-il pas le pseudonyme de Lev Nussimbaum, fils d’un baron juif du pétrole, et d’une mère bolchévique, d’origine russe, qui a pris part aux activités de la gauche révolutionnaire et s’est suicidée quand son fils, né en 1905 à Bakou, avait six ans ? Mais n’est-il pas aussi Essad Bey qui aurait pris ce nom dans sa jeunesse quand il s’est converti à l’islam ? Enfin Kurban Saïd, n’est-t-il pas aussi un pseudonyme partagé par deux personnes : une femme, la baronne autrichienne Elfreide Erenfelds et un homme Lev Nissembaum ? Quand Tom Reiss, un journaliste américain, se rend en 1998 en Azerbaïdjan pour mener une enquête sur le nouveau boom pétrolier du pays, il découvre que le roman Ali et Nino est un best-seller national, écrit par un auteur inconnu. Interpellé, il décide de percer le mystère et de mener une enquête sur un certain Kurban Said, nom qui figure sur le contrat d’édition original de ce roman signé en 1937. A partir de cette première découverte il va dérouler au fil de ses investigations l’incroyable parcours d’un écrivain dont la vie suit les soubresauts de l’histoire. La première piste le mène vers un certain Essad Bey, un prince musulman originaire du Caucase, qui a fui en Allemagne peu après la révolution d’Octobre. A Berlin il fréquente les milieux intellectuels et les cercles artistiques, ailleurs il est invité dans les réceptions arabes. Essad Bey est un écrivain reconnu, ses biograhies sur Staline (1931) Mahomet (1932), Nicolas II (1935) et Lénine (1937) connaissent des succès internationaux. Mais avec la montée du facisme en Allemagne la vie de notre auteur devient risquée, aussi décide-t-il de publier ses ouvrages sous le nom de la baronne Elfriede Erenfelds von Bodmershof, une aristocrate orientalisante. Par miracle Tom Reiss arrive à temps pour interroger les quelques personnes fortes âgées qui l’ont connu. Après avoir vécu à New York, Kurban Saïd revient à Berlin en 1935, époque où les Allemands comprennent qu’en fait cet écrivain est bel et bien juif. Kurban Saïd, contraint de reprendre la route de l’exil, s’enfuit à Vienne juste avant l’Anschluss puis quitte l’Autriche pour l’Italie où il meurt quatre ans plus tard à Positano, des suites d’une grave maladie : Il avait 37 ans ! L’étonnante enquête de Tom Reiss a été publiée sous le nom The orientalist. On trouve aussi une récente publication en français L’Orientaliste, une vie étrange et dangereuse de Tom Reiss (éd. Phébus, 2010) Trad. Françoise Jaouën.

 

Ali et Nino

(éd. Nil, 2002), Trad. Michel-François Demet, Odile Demange, préface Tom Reiss ; également dans la collection J’ai Lu

Cette histoire d’amour légendaire, considérée comme le « Roméo et Juliette » oriental, a été adaptée en 2016 par le cinéaste Asif Kapadia, un réalisateur britannique d’origine indienne. L’histoire se situe peu avant la première guerre mondiale à une époque bien particulière qui nous restitue l’esprit interreligieux, multiculturel et tolérant du Bakou des années de la République Démocratique d’Azerbaïdjan (1918-1920), qui précèdent soixante-dix longues années de domination soviétique. L’idylle se déroule essentiellement dans le vieux Bakou, au Daguestan, à Gandja, à Tbilissi, à Téhéran et à Chouchi, une ville du Haut-Karabagh. Ali, un aristocrate musulman, et Nino une très belle jeune femme chrétienne originaire de Géorgie, sont amoureux. Elle, vive et indépendante, a des allures d’européennes, lui, qui appartient à une grande famille musulmane, est déchiré entre ses sentiments et la tradition. Comment faire accepter à sa famille de se marier à Nino ? Quand les parents acceptent, la belle Nino est soudain enlevée par Nachajaran, mais Ali intervient, tire sur le ravisseur et le tue. La police le cherche, il se réfugie dans les montagnes du Daguestan où le rejoint Nino puis, cherchant à se rendre dans un pays pacifique, ils vont en Iran. Plus tard ils reviennent à Bakou où leur confiance réciproque, clef de voûte de leur amour, les aide à tout surmonter mais le contexte historique va en décider autrement et leur idylle se termine tragiquement.

Kurban Saïd, fin lettré et éminent orientaliste, a-t-il été un visionnaire ? On peut répondre oui, car son récit va bien au-delà d’une histoire d’amour. L’écrivain plaide le respect entre les peuples et nous interpelle par sa vision prémonitoire des ravages liés à l’intolérance, annonciatrice des fanatismes d’aujourd’hui.  En tant que musulman il nous donne sa lecture des événements (la guerre en Europe, le mépris russe, l’affaiblissement de l’islam, le danger soviétique, les convoitises pétrolières…), comme le dit Mustapha Harzoune. Et même s’il existe une cohabitation pacifique entre Chrétiens et Musulmans à Bakou à cette époque, Kurban Saïd saisit l’hostilité croissante qui divise les Géorgiens, les Arméniens et les musulmans.  Il pose un regard incroyablement lucide sur les tensions ethniques qui préfigurent les drames du XXe siècle.

 

La Fille de la Corne d’Or

(éd. Buchet-Chastel, 2006) Trad. Odile Demange

En même temps paraît chez Buchet Chastel, la biographie de Tom Reiss et La Fille de la Corne d’or, un roman inédit signé Kurban Said.

Le titre de ce livre me transporte à Istanbul et me fait revivre ces instants magiques passés au Café Pierre Loti d’où l’on jouit au soleil couchant d’une vue époustouflante et d’une poésie incomparable sur la Corne d’or, le nom donné à l’estuaire qui se jette dans le Bosphore. Qui est cette Fille de la Corne d’or, héroïne du roman paru à Vienne en 1938 et qui relate un amour impossible. Nous sommes en 1928 à Berlin. Asiadeh Anbari, une ravissante jeune fille turque et musulmane, étudie la philologie turque. Elle est en exil avec son père, un ancien ministre de l’Empire ottoman devenu marchand de tapis. Il éprouve de la nostalgie, sa vie d’exilé si différente aujourd’hui l’incite à rêver à une époque révolue où quelques années plus tôt sa fille avait été promise au prince Abdul-Kerim, exilé depuis la chute de l’empire ottoman à New York où il se perd dans les vapeurs d’alcool. A Berlin Asiadeh subit l’influence de l’occident et, éprise d’un médecin viennois, elle écrit au prince pour lui demander son intention de tenir l’engagement, pris dans le palais de ses parents, de l’épouser.  Le prince la libère de ce serment et elle épouse le docteur Hassa. Mais revirement de situation, quand le prince revient plus tard pour tenter de récupérer la belle. Quel sera le choix d’Asiadeh entre L’Orient et l’Occident ? Bien que le livre ait été écrit en 1938, les divergences d’esprit comme les  références aux relations tendues entre Chrétiens et Musulmans ont des accents prémonitoires.

 

POESIE

La poésie a joué un rôle majeur dans l’histoire littéraire de l’Azerbaïdjan. A partir de l’islamisation du pays (VIIe s.), l’influence arabe et principalement persane ne cessera de croître si bien que les plus grands poètes azéris s’intégreront avec harmonie à la littérature persane, comme Nizami (Nêzami) et beaucoup d’autres. Ceux qui ont écrit en turc azéri se rattacheront aussi à l’histoire de la poésie turque.

 

NIZAMΠ(1141-1209)

Nizami, dont on dit qu’il est le peintre de l’âme et le philosophe de l’amour, est un poète, écrivain et philosophe de langue persane qui est né et a vécu à Gandja, dans l’actuelle République d’Azerbaïdjan, où il est devenu l’une des figures illustres de la vie culturelle du pays. Difficile de ne pas rencontrer Nizami en Azerbaïdjan, dont l’héritage littéraire est vénéré dans toutes les villes qui lui ont érigé une statue ou donné le nom d’une rue. Son recueil de poèmes lyriques, connu sous le nom de Khamsé, qui s’inspire de l’histoire de la Perse et d’épopées populaires, est considérée comme l’une des œuvres les plus célèbres de la littérature médiévale orientale. Il est intéressant de savoir qu’en France la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg conserve un exemplaire de ce précieux manuscrit du 15e siècle. Ce dernier a beaucoup voyagé entre l’Inde et l’Iran et, acheté au Caire en 1894, il a été déposé plus tard à Strasbourg.

 

Nézamî de Gandjeh

Les cinq poèmes

(éd. Bibliothèque de l’image, 2003)

Ces cinq poèmes sont Le Trésor des mystères (Makhzan al-Asrar, 1165), Khosrow et Chirine (Khosrow o Shirin, 1175), qui serait à l’origine du conte des Mille et une nuits. Layla et Madjnoun (Leily o Majnoun, 1188), l’une des plus célèbres histoires d’amour, Les Sept Beautés / Le Pavillon des Sept Princesses (Haft Paykar, 1191), et Le Livre d’Alexandre le Grand (Eskandar-Nameh, 1198). Ce livre vous fera découvrir les trésors de la littérature amoureuse orientale.

 

IMAD-AD-DIN NASSIMI (1369-1417)

Né à Shamakha dans l’actuelle République d’Azerbaïdjan, a laissé une œuvre poétique vaste et précieuse en langues azerbaïdjanaise, persane et arabe. Sa poésie a pendant plusieurs siècles influencée la poésie azérie et de la Turquie ottomane. De sa poésie se dégage la tolérance, l’amour universel et ses valeurs humanistes l’ont conduit à prôner une culture de la paix, trois éléments qui ont contribué à ce que l’UNESCO célèbre le 600ème anniversaire de sa mort. Accusé d’apostasie, à une époque marquée par rigorisme religieux et obscurantisme, ce grand poète, considéré comme le père fondateur de la poésie azerbaïdjanaise, a été exécuté à Alep. Sa tombe, lieu de pèlerinage depuis des siècles, a été profané récemment lors de la libération d’Alep en 2017.

 

Poésie

Imadaddin Nassimi

(éd. Fondation Heydar, 2012)

MUHAMAD FUZÛLÎ (1498-1556), qui écrivait en trois langues (turc azéri, arabe, persan) est considéré comme le poète le plus important du XVIe siècle. Poète et mystique de l’amour, il se distingue par son style étincelant accessible aujourd‘hui qu’à un petit nombre. Parmi ses œuvres les plus connues citons son recueil de poèmes lyriques Divan écrit en turc azéri et son volumineux roman en vers Leyla et Medjnun (plus de 3 000 distiques) achevé en 1535 et considéré comme un sommet de la poésie classique turque. Fuzûlî reste jusqu’à aujourd’hui un poète célébré en Azerbaïdjan, en Turquie et au Turkménistan. Ses œuvres traduites en français sont regroupées dans l’Anthologie de la poésie turque du XIII au XIXe siècle (éd. Gallimard, 1968)

 

Ces trois poètes illustres appartiennent aux siècles passés, mais il existe bien sûr des poètes importants plus récents et contemporains tels que :

KURSHIDANU NATAVAN (1832-1897)

Il est souvent citée comme la plus grande poétesse d’Azerbaïdjan. Fille du dernier Khan du Haut-Karabakh, Kurshidbanu Natavan est une princesse très instruite qui tient des salons littéraires et parle plusieurs langues dont le français. Quand elle rencontre Alexandre Dumas père, au cours de son fameux voyage au Caucase, l’auteur des Trois mousquetaires relate cette rencontre et sa surprise de découvrir une princesse qui connaît et a lu plusieurs de ses œuvres. Il joue avec elle aux échecs et lui offre son jeu d’échecs visible aujourd’hui au musée de Bakou.  Kurshidbanu Natavan a défendu la cause féminine et son combat a abouti au vote des femmes en Azerbaïdjan dès 1918.

SAMED VURGUN (1906-1956),

dont on visite la maison à Bakou, est l’un des grands poètes contemporains azéri et soviétique. Egalement dramaturge, il a reçu pour ses deux drames Vaguif (1937) et Farkhad et Shirin (1941) le Prix d’Etat de l’URSS

MOHAMMAD HOSSEIN BEHJAT TABRIZI (1906-1988),

dont le nom de plume est Shahriyār, est considéré comme le plus grand poète iranien en langue azérie et son impressionnant mausolée se trouve à Tabriz, capitale de l’Azerbaïdjan oriental, qui a accueilli de nombreux écrivains et poètes au fil des siècles. Il aurait commencé à écrire son premier poème dès l’âge de 7 ans. Son oeuvre majeure est Heydar Babaya Salam (1954), qui a été traduite dans de nombreuses langues. Amir Borjkkhânzâde, qui connaît bien son œuvre, nous dit in La Revue de Téhéran : « L’amour qu’il éprouvait pour une jeune femme le conduisit à l’exploration de toutes les voies de l’amour par la voie de l’inspiration poétique. Chahriyâr ne se destinait pas à la poésie. C’est l’amour qui le poussa à écrire et ce sentiment est présent dans tous ses poèmes. »

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